Valérie Tabard, photo JC Moschetti

Fille d’agriculteurs, paysanne boulangère pendant une dizaine d’années, Valérie Tabart est restée fidèle à ce monde paysan et c’est tout naturellement qu’elle en est une de ses porte-parole au sein du conseil régional. “L’agriculture et l’alimentation sont au cœur de ma vie, et ce qui guide mon action aujourd’hui, c’est la transformation du modèle agricole breton.” “Animatrice de territoire”, elle a construit sa conscience politique dans l’éducation populaire, au sein du mrjc (Mouvement rural de la jeunesse chrétienne).

Conseillère régionale siégeant au sein du groupe Breiz a-gleiz – autonomie, écologie, territoires –, Valérie Tabart a ouvert en 2021 une nouvelle page d’un livre d’une vie déjà bien remplie. Née en 1973 à Arzal, dans une famille d’agriculteurs, elle a gardé de son enfance le souvenir de travaux à la ferme, de la présence quotidienne de son grand-père mais aussi, et surtout, de cette liberté d’aller et venir qui lui a permis alors d’acquérir une parfaite connaissance de son territoire : “Je connaissais les noms de toutes les parcelles.” Scolarisée dans un collège privé, elle découvre, en classe de quatrième, le mrjc (Mouvement rural de la jeunesse chrétienne). “Nous avions le choix alors d’intégrer une de ses équipes, ou de s’engager dans une action humanitaire ou alors de faire du catéchisme : j’avais déjà, je crois, ce moteur chez moi d’ouvrir les yeux sur le monde, d’aller au-delà de mon milieu.” Ouverture sans doute favorisée par des parents investis localement : “Ma mère a été l’une des deux premières femmes élues au conseil municipal d’Arzal à la fin des années 1970 et mon père était investi au niveau agricole.” Valérie intègre donc une équipe du mrjc. Et par-delà, “j’ai aussi intégré une méthode, celle de la jac (Jeunesse agricole chrétienne), à savoir voir, juger et agir”. Concrètement, “l’animateur nous a installés autour de la table et nous a fait réfléchir et travailler sur nos préoccupations de jeunes, sur notre avenir immédiat et lointain”. Réflexion qui va déboucher sur l’organisation d’un carrefour des métiers à Muzillac, par les collégiens eux-mêmes, encadrés par l’animateur. “Moi qui étais plutôt timide, je restais plutôt en retrait à dépouiller les questions du public mais chacun devait se présenter en fin de soirée devant 200 personnes.” L’expérience est très fondatrice, de même que la rédaction d’un pom (Projet bjectifs moyens) imposé par l’animateur. “C’était quelque chose qu’on n’apprenait pas à l’école.” Valérie y met toute son énergie et son enthousiasme. L’animateur, “un curé de gauche, plutôt rock’n’roll, par ailleurs entraîneur de l’équipe de foot locale”, lui demande de présenter le projet lors d’un rassemblement départemental : “Je dois commenter un diaporama et je suis morte de trouille, mais je m’en sors.” De cette “épreuve de feu, intéressant sur le plan éducatif”, elle gagne en confiance pour poursuivre, avec le groupe, un travail de fond auprès des jeunes du territoire de Muzillac, en particulier sur les attentes de ces derniers pour le tout nouveau centre socio-culturel de la commune. À 16 ans, elle rejoint le conseil d’administration régional du mrjc. En 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution, “les équipes locales du mrjc sont invitées à rédiger des cahiers de doléances et de propositions pour le territoire : là, je vais commencer à écrire et y prendre du plaisir parce que je me rends compte de la force des mots avec cet écrit engageant”. Autre élément fondateur, la même année, dans le cadre d’un camp d’été en Anjou, en rejoignant un rassemblement du mouvement à Nantes, “je découvre la dimension nationale du mouvement, la force que cela représente, et je me rends compte aussi que plein d’autres jeunes font ce même travail que je mène avec mon petit groupe, partout en France, dans tous les autres territoires. Ça, c’est extraordinaire, parce que je prends conscience de nos valeurs communes, qu’on est tous là ensemble autour d’un projet de société.” Toutes ces expériences, la prise de parole en public, l’écriture, la préparation de projets de même que le positionnement sur des sujets qui impactent le monde rural et paysan, comme la mise en place des quotas laitiers à la fin des années 1980, fondent “beaucoup de choses de ce que je suis aujourd’hui, ma conscience politique : je crois que je suis avant tout une animatrice politique, une animatrice de territoire, et j’aime beaucoup la capacité de dialogue et, plus que tout, de fédérer autour d’idées en commun”. (…)

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