Vannerie en Bretagne

La vannerie pratiquée en Bretagne constitue un patrimoine culturel complet : savoirs techniques, vocabulaires associés et usages. Elle comprend des techniques très singulières, vraisemblablement natives, dont l’étude contribue à la compréhension des racines culturelles de la péninsule armoricaine. Leur cartographie coïncide étonnamment avec les limites des ensembles territoriaux des différents peuples de l’Armorique ancienne. Et si la répartition des types techniques de vannerie nous donnait des indices pour comprendre l’origine des ancêtres des Bretons ?

De l’origine de la vannerie, techniques et territoires étroitement liés

La vannerie est l’un des savoirs les plus anciens de l’humanité. Les types régionaux se sont formés il y a plusieurs dizaines de milliers d’années. Dans les régions au climat sec du Proche-Orient, on trouve parfois des objets tressés très élaborés qui ont été fabriqués il y a 10 000 ans. L’archéologue Willeke Wendrich a montré que la vannerie égyptienne antique trouvée dans les tombeaux est semblable aux vanneries confectionnées de nos jours dans les villages voisins des sites archéologiques. À Noyen-sur-Seine, des vanneries mésolithiques, très élaborées, ont été dégagées d’une boucle fossile de la Seine. La tourbe a protégé ces objets pendant 9 000 ans de l’air et de la lumière. De type “à montant droit”, ils sont comparables à ceux tressés par les vanniers actuels dans cette région. La vannerie se caractérise de fait par une grande inertie technique. Dans notre monde tout change : les idées, l’habitat, la religion, les costumes et aussi la langue, mais on continue à fabriquer la même vannerie, à cause notamment d’un apprentissage avant tout familial.

Des vanneries natives en Bretagne

Les deux types de vannerie à montants courbés disposés en hémiméridien (Haut et Bas-Breton) n’ont pas d’équivalent sur le continent. L’observation de leurs particularités ne permet pas d’imaginer un archétype commun avec les autres vanneries utilisant des matériaux rigides, notamment les deux types dominants européens : les vanneries à montants courbés disposés en méridien et les vanneries à montants droits. Ainsi, les vanneries en hémiméridien produites en Bretagne seraient-elles probablement natives. Celles-ci sont d’ailleurs dominantes sur la majorité de la péninsule. Ceci va dans le sens d’une installation ancienne excluant de fait l’arrivée d’autres techniques. En se fondant sur l’observation des vanneries anciennes du Moyen-Orient ou fossilisées d’Europe, qui appuie la théorie de la stabilité technique du tressage, les grands groupes techniques auraient pu se mettre en place vers la fin du paléolithique, au moment où Homo sapiens s’établit sur le continent.

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Vanneries de Bretagne. Une diversité territoriale et technique

Les types de vanneries présents en Bretagne sont plus nombreux que dans la plupart des régions d’Europe. Certains types sont universels, d’autres sont natifs et d’autres encore sont empruntés. Chacun de ces patrimoines techniques est le résultat des échanges culturels anciens ou modernes à l’œuvre sur la péninsule.

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Les “trésors vivants” Julia Le Gallo, Robert Loussouarn, Roger Le Gall

La vannerie en Bretagne a été longtemps une histoire d’hommes. Pourtant “le doyen” des vanniers bretons est une centenaire, Julia Le Gallo. Par la rigueur et la qualité de son travail, sa philosophie de vie et son humilité, elle a gagné le respect de l’ensemble de la profession, qui l’a désignée “trésor vivant”. En juillet 2016, elle avait été honorée, avec quatre autres vanniers, dont Robert Loussouarn et Roger Le Gall, lors du festival de la vannerie et du patrimoine de Mayun (44).

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Le mauvais genre des vannières

Les vanniers bretons n’appréciaient pas tellement de voir les femmes faire de la vannerie. Ils considéraient leur métier comme difficile : de longues journées à tresser des brins assez rigides, ce qui demande force et endurance. Il faut “se bagarrer” avec les matériaux. Les mères, épouses ou filles des vanniers, participaient tout de même à l’activité, le plus souvent, en préparant les matériaux ou dans les finitions. Les actions demandant le plus d’habileté étaient l’apanage des hommes qui en retiraient une grande fierté. Cette situation ne doit pas être considérée comme universelle. J’ai croisé au Rajasthan (Inde) des communautés de vanniers où ce sont les femmes qui tressent les corbeilles et les hommes qui préparent les matériaux.

Dans les deux premiers tiers du xxe siècle, les Bretonnes tressant seules étaient rares : généralement des veuves en quête d’un revenu principal ou d’épouses à la recherche de recettes complémentaires. C’est le cas de Madame Rivar, la femme du charron de Rannée (35). Ces concurrents vanniers la présentaient bien sûr comme ayant du “caractère”, une manière de lui attribuer une certaine virilité.

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En Brière, les indices laissés par le patrimoine vannier

La Brière est un vaste marais situé au sud de la Bretagne. Le patrimoine culturel briéron est singulier. Le parler briéron est de type roman, mais avec certaines particularités. L’apparence physique des habitants a nourri une littérature pseudo-historique qui les présente comme derniers représentants du monde mégalithique, descendant de marchands phéniciens ou de légionnaires romains, de pirates saxons ou de Vikings, et même certains y voient une population médiévale réfugiée, à cause d’un risque sanitaire.

La population briéronne se répartit dans des hameaux où la vie s’organisait autrefois comme sur des îles. Il y a moins d’un siècle, on se toisait d’une île à l’autre et les mariages se faisaient au sein de petites communautés. Ceci explique le petit nombre de patronymes actuels.

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