21 avril 2022, 18 heures – Le port historique de Douarnenez se vide peu à peu de ses pêcheurs à la ligne et touristes de passage. Un bruit puissant vrombit depuis le quai. Aussitôt, cinq marins apparaissent et sautent à la hâte sur le pont du Face à la mer, un bolincheur spécialisé dans la pêche à la sardine. Au loin, le capitaine, Dominique Le Loupp-Caradec, me fait signe. Je le suis.
Le bolincheur file au loin dans la baie. La nuit s’annonce longue et incertaine pour Dominique et ses hommes. Il prévient : “On part à la chasse. On sait quand on prend la mer mais pas quand on revient, et encore moins avec quoi.” Dominique saute dans sa cabine de pilotage, pour s’isoler avec ses deux sonars et sa radio : “Plus trop le temps de causer avec les autres, on n’a plus le choix, il faut rester concentré.” Depuis huit ans, les sardines sont timides, imprévisibles. La veille, le bateau est rentré à trois heures du matin, sans un seul poisson dans ses cuves.
La sardine est pêchée toute l’année, mais près de 90 % des captures sont réalisées entre mai et septembre car c’est à cette période qu’elle est la plus grasse, et la plus appréciée. Ensuite ce sera la saison de l’anchois, une espèce soumise à quota, en septembre et octobre.
Fort de ses trente-cinq ans d’expérience de pêche à la bolinche, le capitaine du Face à la mer, dont il est le copropriétaire avec le groupe scapêche, scrute les fonds marins dans l’espoir de débusquer le précieux poisson bleu. C’est précisément à la tombée de la nuit que la magie opère. Dominique repère un paquet sur les écrans de ses sonars, de taille suffisante pour que cela vaille le coup. (…)