Ferme de la maison de retraite de Ker-Anna à Sainte-Anne-d’Auray, Le jour où le tracteur est arrivé...

Entre les années 1960 et les années 1970, la maison de retraite de la congrégation des Filles du Saint-Esprit à Sainte-Anne-d’Auray vivait en quasi autonomie grâce aux produits de la ferme de vingt hectares. Une dizaine de personnes y étaient employées.

En 1706, dans la région de Saint-Brieuc, deux femmes d’origine modeste, Marie Balavenne et Renée Burel, s’engagent pour servir Dieu auprès des pauvres, des malades et des enfants. C’est le début de la congrégation des “Filles du Saint-Esprit”. Des maisons de charité sont créées, en particulier dans les paroisses rurales de Basse-Bretagne. En 1888, la congrégation compte 1 300 membres, dirige 290 maisons et instruit 38 000 enfants.

En 1929, les “Filles du Saint Esprit” s’installent à Sainte-Anne d’Auray en achetant aux “Fidèles Compagnes de Jésus” une propriété d’une vingtaine d’hectares, Ker-Anna. L’objectif est d’en faire une maison de repos pour leurs sœurs. Les bâtiments réservés aux religieuses comportent une infirmerie, une cuisine, une buanderie. Autour, le domaine comprend une chapelle, un cimetière, la ferme avec des hangars et une boucherie, les élevages, les habitations des employés, une menuiserie, un puits, un parc boisé et un jardin d’agrément. Un potager, des serres et un verger complètent les terres agricoles.

Le domaine est relié au réseau électrique mais est autonome pour son alimentation en eau grâce au puits. L’eau y est pompée vers un réservoir qui assure la distribution dans les différents bâtiments. Une chaufferie alimentée au charbon et au bois fournit chauffage et eau chaude. La buanderie traite le linge de la communauté. Le menuisier assure l’entretien des bâtiments. Il a aussi la responsabilité de fabriquer les cercueils. Pour les obsèques, les religieuses prennent en charge leur sœur défunte, les ouvriers de la ferme assurant la fonction d’agents funéraires. Les repas des religieuses sont préparés en cuisine où tout est valorisé. Ainsi, les reliquats alimentaires nourrissent les cochons. Et les déchets organiques se décomposent sur le tas de fumier provenant des élevages. Fumier et purin servent à amender les terres agricoles. Le réseau d’assainissement est relié à des fosses septiques. Les déchets provenant de l’infirmerie sont brûlés dans un four.

Dans les années 1960, la ferme produit foin, maïs, trèfle, choux et betteraves, pour nourrir les vaches. Des pommes de terre sont cultivées pour l’alimentation humaine et porcine. Le potager fournit poireaux, carottes, navets, choux, salades, endives, tomates, oignons, radis, haricots, petits pois, betteraves rouges, rhubarbe… Poires et pommes à couteaux proviennent directement du verger. En complément, dans les prairies, des pommiers à cidre permettent de répondre à la consommation des religieuses. De nombreuses fleurs embellissent le parc et les parterres et viennent décorer l’intérieur des bâtiments et la chapelle.

Le troupeau bovin comporte une vingtaine de bêtes : vaches laitières, génisses et un taureau. Chaque vache a son nom inscrit au mur dans l’étable. L’insémination naturelle est abandonnée vers 1960 pour l’insémination artificielle. Une partie du lait est transformée en beurre. Deux poulaillers logent pondeuses et poulets. La porcherie accueille une dizaine de cochons. Le bétail est abattu sur place et la viande découpée dans la boucherie de l’établissement. Là encore, tout est valorisé. C’est ainsi que les peaux des veaux sont salées et vendues.

(…) La suite dans le numéro 255

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