Avec près de 13 m de circonférence, le cyprès de Lambert de Plestin-les-Grèves est réputé le plus colossal d’Europe. © Y. Morhan

Au cours des dernières décennies, l’émulation d’acclimateurs passionnés témoigne du renouveau d’une passion bretonne pour la botanique exotique. L’héritage du navigateur Jean-Michel Huon de Kermadec, compagnon de d’Entrecasteaux, est à ce titre riche d’enseignement. Plus de deux siècles après son voyage en terres australes, l’introduction contemporaine de deux essences d’arbres portant son nom atteste d’un profond désir de la botanique de l’ailleurs.

À l’image de l’hortensia, du camélia ou de l’agapanthe, de nombreux végétaux, rapportés de continents lointains, se sont fondus dans notre environnement au cours des siècles passés, allant jusqu’à porter une identité et un imaginaire culturel breton. Parmi ces exotiques, provenant d’au-delà des mers, plusieurs arbres débarquèrent en France grâce à des voyageurs bretons. 

Le premier plant de Magnolia grandiflora voyagea des États-Unis jusqu’aux quais de Paimbœuf sur le Saint-Michel avant d’être introduit en 1711 dans la propriété de son armateur, René Darquistade. Il devint par la suite l’un des symboles nantais. Quelques décennies plus tard, quelques tulipiers de Virginie furent rapportés en 1783 par le marquis de la Rouërie, compagnon de Lafayette et ami de Washington. Celui planté à Saint-Ouen-de-la-Rouërie, en mémoire de l’indépendance américaine, passe aujourd’hui pour être le plus ancien spécimen français(1). Les premiers araucarias du Chili, surnommés “désespoirs des singes”, furent ramenés d’Amérique du Sud par l’officier de Marine Nicolas Joseph Marie de Kersauzon, qui les planta dans le parc du manoir de Pennendreff à Plourin, près de Saint-Renan, entre 1825 et 1826(2). À Brest, le jardin botanique de la Marine, réputé au xixe siècle “le plus beau de la métropole”, accueillit l’un des tout premiers camélias (1811) et palmiers chanvres (1859)(3) de France. L’introduction du cyprès de Lambert, un conifère californien devenu aujourd’hui emblématique du trait de côte breton, serait à associer à la congrégation des Filles du Saint-Esprit. Elle fit planter vers 1850 les premiers spécimens à Plestin-les-Grèves et à Sainte-Anne-d’Auray, devenus aujourd’hui les plus colossaux d’Europe(4). Enfin, l’histoire retient la création d’une des premières palmeraies bretonnes durant l’hiver 1931-1932 à Dinard sous l’impulsion de son maire Paul Crolard (1860-1938). Profitant de la fin de l’exposition coloniale de Paris, il fit racheter, malgré de fortes critiques, un lot d’une quarantaine de palmiers adultes pour les planter le long de la promenade du Clair de Lune. (…)

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