Le lieu fait partie intégrante de l’histoire de la commune de Langonnet, dans le Morbihan. Avant de devenir La Grande Boutique, espace de création et de diffusion culturelles, cette grande maison, construite au tout début du XXe siècle, fut transformée quelques décennies plus tard en un hôtel-restaurant par les parents de Julienne Le Corre, qui a poursuivi et développé l’activité avant de prendre sa retraite. Et c’est en mai 1998 que le lieu s’est transformé en “grande boutique” pour y accueillir une petite salle de concert et un studio d’enregistrement pour des artistes en résidence, à l’initiative de Bertrand Dupont, producteur et créateur, notamment du Manège à Lorient, et de Cécile Borne, artiste plasticienne et chorégraphe. Une nouvelle page s’est tournée il y a peu avec la reconnaissance de l’action culturelle de l’association par l’obtention, en 2021, de l’appellation Scène conventionnée d’intérêt national “art en territoire” par le ministère de la Culture, la positionnant ainsi dans le réseau national des Scènes conventionnées.
L’ancienne salle du bal de l’hôtel-bar-restau-rant Le Corre, dont certains de la commune et d’ailleurs se souviennent sûrement, trouve aujourd’hui une nouvelle vocation en étant transformée en espace d’accueil de résidences d’artistes. Ces travaux de rénovation et de réamé-nagement viennent là renforcer l’action culturelle de la Grande Boutique en centre-Bretagne. Une action lancée il y a plus de 25 ans par Bertrand Dupont et Cécile Borne. Originaire de la région de Rennes, Bertrand baigne depuis l’enfance dans le milieu de la musique et s’est très vite tourné vers le métier de manager et tourneur. Lorsque l’idée de créer un espace de création et de diffusion se conjugue avec le projet de sa compagne, Cécile Borne, artiste chorégraphe et plasticienne, de trouver un lieu où établir sa compagnie, l’annonce de la vente de l’ancien hôtel-restaurant Le Corre, à Langonnet, tombe à point nommé. La bâtisse de 1 000 m2 répond totalement à l’attente, avec une cuisine, un bar, des salles, dont celle du restaurant devenu espace de concert, et des chambres permettant l’organisation de résidences d’artistes. L’association La Grande Boutique est créée dans la foulée dans l’objectif de piloter le lieu. Lieu qui accueille un peu plus tard, en 2005, le label Innacor, à l’initiative de Bertrand, de Jacky Mollard et d’Erik Marchand, à une période où le marché du disque est en plein marasme et où les majors abandonnaient les petites et moyennes productions. Innacor, “haut-parleur des cultures de Bretagne et du monde”, est un prolongement logique de l’action menée par La Grande Boutique par son soutien aux créations musicales innovantes et souvent transversales.
Si La Grande Boutique devient désormais le port d’attache, l’autre grande idée du projet du couple est de diffuser la création artistique en centre-Bretagne, tel que l’a initié le festival Kreiz-Breizh en 1997. Ce festival, dont le siège social est installé à Mellionec, laisse la place, au début des années 2000, à l’asso-ciation Dre ar Wenojenn (“à travers les chemins”) qui poursuit la programmation de concerts et spectacles dans différentes communes du centre-Bretagne. Depuis 2009, Dre ar Wenojenn est devenu Le Plancher, scène du Kreiz-Breizh. L’objectif est le même. Simplement, le siège social a déménagé de Mellionnec à Langonnet pour fusionner avec l’association gestionnaire de La Grande Boutique, une association gestionnaire qui s’est portée propriétaire de la bâtisse en 2012. Autre changement, plus récent celui-là, en 2017, Bertrand a abandonné la direction du lieu pour laisser la place à Perrine Lagrue. S’il apparaît, comme le souligne Perrine, que “la volonté de toutes et tous, administrateurs et salariés, est bien de conserver l’esprit qui a animé la création du projet initial et de le poursuivre, la phase de transmission demeure toujours quelque chose de délicat pour celui qui laisse la place comme pour ceux qui arrivent. Pour Bertrand, c’est une étape sans doute douloureuse mais je pense qu’aujourd’hui, nous avons apporté la preuve que nous avions les épaules assez solides pour porter le projet.” Et elle répète avec force qu’avec “les administrateurs, nous sommes là pour défendre cette ligne artistique tracée à l’origine, au premier rang de laquelle figurent les rencontres interculturelles”.