Julien Le Mentec et sa femme Marilyn publient un ouvrage assez réjouissant sur sa mère, Irène, qui est aussi un hommage à la “cuisine des mères” bretonnes et l’occasion de redécouvrir un lieu convivial et unique, la Tavarn ar Roue Morvan de Lorient.
Lorsque l’on croise Julien et Marilyn Le Mentec, en ce bel après-midi ensoleillé d’automne, à la taverne du roi Morvan à Lorient, l’émotion est encore palpable d’avoir tout juste envoyé leur premier livre, Les Recettes d’Irène et d’aujourd’hui, à l’imprimerie. “C’est l’aboutissement d’un beau projet, note Marylin Le Mentec. La satisfaction d’avoir réalisé un rêve et de ne pas être resté les deux pieds dans le même sabot pour créer quelque chose de nouveau…” Sur la couverture verte et noire, les couleurs des murs de l’établissement, se détache la silhouette d’Irène Le Mentec. Une femme à la forte personnalité, décédée en 2022, qui voulait transmettre une partie de son savoir, mais pas à tout le monde, comme le souligne Julien Le Mentec. “Lorsqu’il venait manger à la taverne, Yann-Fañch Kemener prenait toujours un flan d’avoine, c’était son dessert favori. À chaque fois, il venait voir ma mère pour avoir la recette. Elle lui répondait gentiment : ‘jamais !’. Il connaissait pourtant bien la famille, puisqu’en faisant du collectage, il avait enregistré mon arrière-grand-mère à Priziac, en 1978…”

Le cassoulet d’Irène (cliché Marion Mochet).
Pays Pourleth
La cuisine, c’est en effet une histoire de famille et celle des Le Mentec s’ancre dans le centre de la péninsule, en pays Pourleth, au nord du pays vannetais. “Ma grand-mère tenait la Maison Le Mentec, explique Julien. Puis, ma mère a repris une affaire en 1971, le Penalty bar au Croisty, en plein pays Pourleth. En 1993, on l’a transformé en pub breton, en prenant le nom du Roi Morvan, celui qui a tenu tête aux Francs de Louis le Pieux au début du IXe siècle et dont la résidence était, paraît-il, située du côté de Priziac.”
Le jeune homme est alors l’un des piliers du cercle celtique local et sonneur au bagad du Faouët. “À la fin des années 1980, il ne se passait pas grand-chose, mais on répétait et on dansait dans le bar. On sortait dans des pubs comme le Ceili à Quimper, le Korn ar Pont à Guern, ou le Galway Inn à Lorient. On voulait faire bouger les lignes autour de la culture bretonne, d’où l’idée de faire un lieu culturel avec notre pub.”
Rapidement, la Tavarn ar Roue Morvan devient une bonne adresse, fort courue dans toute la Bretagne, au point qu’il est envisagé de l’exporter et d’en faire une franchise dans d’autres villes bretonnes, à Paris, voire à New York où les centre-Bretons possèdent une diaspora dynamique… “Finalement, on a décidé d’être raisonnables et on s’est dit qu’il était plus sage de commencer par Lorient”, indique Julien Le Mentec. En 1999, ils s’installent sur une place un peu oubliée, entre l’arsenal et le centre-ville, dans une ville où la culture bretonne, en dehors du Festival interceltique, n’avait pas forcément de lieu pour s’incarner. “C’était un restaurant de poisson qui vivotait, dans un quartier qui n’avait pas forcément bonne réputation”, se souvient Julien Le Mentec.

La suite est dans le numéro 269 (novembre-décembre) d’ArMen….


