Nichée au bord de la rivière qui a longtemps alimenté la roue à eau de l’installation d’origine, la scierie artisanale de Coat Nant, à Irvillac, est une affaire de famille depuis plus d’un siècle. Jean-Marie Crenn en est aujourd’hui le patron. L’artisan travaille seul. Il a pris la suite de Raymond, son père, depuis un peu plus de six ans. Six années qui lui ont permis de prouver qu’un tel outil est plus que jamais viable dans un secteur aujourd’hui très industrialisé.
a route est étroite et sillonne à travers la verte campagne d’Irvillac. Passée l’étroite rivière, dominant le village de Coat Nant, apparaît la chapelle Notre-Dame de Lorette, construite ici dans le courant du XVIIe siècle au bord de l’ancienne route menant de Quimper à Landerneau. C’est là aussi, dans ce lieu-dit où trônent encore quelques bâtisses d’un grand intérêt architectural, que Jean-Marie Crenn décide, au début du siècle dernier, d’installer une scierie. Clin d’œil de l’his-toire : “C’était un de mes aïeuls et j’ai le même prénom que lui, précise le maître des lieux actuel. Il avait créé son entreprise avec un de ses frères qui possédait, lui, une minoterie.” Le lieu d’implantation s’impose par la présence de la rivière : “La scie était actionnée par la roue à eau.” Et il en sera ainsi pendant nombre d’années, jusqu’à la période du remembrement qui voit le cours d’eau dévié en contrebas du village. “Mon grand-père, qui était à la tête de l’entreprise, a alors déménagé les machines dans un autre bâtiment construit un peu plus bas que celui d’origine.” Celle-ci sera par la suite entièrement rasée. Ce n’est qu’en 1996 que “mon père qui avait pris la suite a décidé de revenir installer l’entreprise dans son site initial”.
Ce métier, Jean-Marie l’a donc choisi à son tour, lui qui pourtant avoue sans détour : “Je ne sup-portais pas ce travail quand j’étais gamin.” De l’intérêt, il commence à en trouver au début des années 2000. Il entreprend alors une formation de menuisier. Son parcours professionnel le mène tout naturellement vers ce qu’on pourrait presque appeler la vocation familiale : “J’ai travaillé pendant plusieurs années dans une scierie.” Et sa journée finie, “je venais régulièrement retrouver mon père ici à Coat Nant pour poursuivre le travail pendant une heure ou deux”. L’idée fait petit à petit son chemin : “Mon père arrivait à l’âge de la retraite et j’ai commencé à réfléchir à un projet de reprise, sans en parler à qui que ce soit.” C’était en 2014 : “Là où je travaillais, tout se passait bien et j’aurais pu poursuivre ma carrière là-bas, mais dans ma tête, ça m’a paru impensable puisque cette scierie, celle de ma famille, m’attendait !” Finalement, malgré cette aversion plus jeune pour le métier, il s’en rend compte aujourd’hui : “À côtoyer mon grand-père et mon père, j’ai accumulé nombre de connaissances sur ce travail du bois.” Ceci ajouté à sa formation et à son expérience en entreprise, son projet de reprise de la scierie familiale avait tout pour convaincre les banques. Ce ne fut pas si simple… (…)