Erwan Chartier-Le Floch

Les initiatives se multiplient pour mieux faire connaître l’histoire de Bretagne. Ainsi, à Pont-Croix, un archéosite permet de s’immerger dans les réalités du XIVe siècle et la vie quotidienne pendant la guerre de Succession. Un projet en constante évolution.

Il est des évidences qui échappent souvent aux historiens, à moins de tenter de reconstituer des sites et ou de fabriquer des objets d’époque pour se replonger dans certaines réalités. C’est ainsi que l’on représente souvent les mottes féodales du Moyen Âge, sous forme d’une tour de bois surmontant une butte de terre, nue et désherbée. Or l’une d’entre elles a été reconstituée à Pont-Croix récemment. Comme jusque dans la première moitié du XIVe siècle, la tour de bois a été construite sur une structure de pierre, elle-même édifiée sur une éminence terroyée. Néanmoins, rien n’a été désherbé depuis quelques années. Les ronces et les orties ont donc envahi la motte. De quoi décourager bien des assaillants éventuels de grimper dessus ! “On n’y pense pas, sourit Michel Guillou, président du comité des fêtes médiévales de Pont-Croix qui gère l’archéosite. Cela ne devait pas être facile de monter à l’assaut à travers cette végétation… C’est un obstacle supplémentaire.”

En arrière-plan, la motte féodale.

Une histoire de passionnés

À la sortie du bourg de Pont-Croix, sur la route sinueuse, mais très touristique, qui mène à Audierne et à la pointe du Raz, on trouve désormais un étonnant village de terre, de bois et de pierre, avec un rempart palissade et une motte féodale, protégeant plusieurs habitations. Il s’agit d’un projet de reconstitution archéologique porté par des passionnés depuis une vingtaine d’années.

“Tout commence, confie Michel Guillou, par les fêtes médiévales de Pont-croix en 2003. Elles ont connu un beau succès, au point qu’elles ont ensuite été reconduites tous les deux ans par l’office du tourisme local. J’y suis arrivé en 2008 et j’ai pris la présidence l’année suivante, parce que je suis passionné d’histoire. Au bout d’un moment, cependant, il y a eu un peu de lassitude d’organiser un tel événement.”

Après avoir démarché la commune, en 2014, cette dernière leur confie un terrain. “On a arrêté donc la fête pour un projet plus vaste, créer un univers, un village médiéval reconstitué, proposant une expérience immersive dans cette période.” Pendant deux ans, les bénévoles de l’association ont nettoyé et dépollué l’endroit qui abritait un ancien karting. “On a évacué quelques kilos de poubelles”, commente pudiquement Michel Guillou.

L’auberge du village…

Expérimenter

En 2016, un permis de construire est déposé. Pour commencer, les membres de l’association réalisent un four de potier, tel qu’il en existait il y a sept siècles. Il permet de montrer au public comment les artisans exerçaient leur art, tout en produisant un peu de vaisselle à vocation pédagogique, le tout encadré par des spécialistes.

L’un des principes du projet est en effet de travailler avec des archéologues et des historiens pour valider ou non certaines hypothèses. “Nous nous documentons avec les rapports de fouilles, indique Michel Guillou. Nous échangeons aussi avec les chercheurs, ainsi qu’avec le SRA [Service régional de l’archéologie, NDLR] et la Drac, mais également avec quelques associations d’historiens locaux. Cela forme un conseil scientifique informel qui nous permet d’essayer et d’expérimenter certaines choses.”

La suite dans ArMen n°267…

L’entrée et la « maison bourgeoise » en construction…

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