JAÑLUG ER MOUEL, LE QUÊTEUR DE SOLEIL

Jañlug er Mouel, le quêteur de soleil

L’œil rieur et prêt à toutes les aventures, Jañlug a mené une vie de lonesome cowboy. Chanteur et guitariste rock dès dix ans dans le groupe Daisy Jane, sa vie est riche en expériences musicales et professionnelles, et marquée par son travail incessant de collecteur de musiques traditionnelles du pays de Plouay, de Bretagne et du monde.

Plouay : il s’y enracine, en part, y revient

À Plouay, où il habite aujourd’hui, dans une maison proche de celles de toute sa famille installée là depuis des générations, Jañlug ne savait pas parler breton. Mais il décide d’apprendre en surfant sur la vague Stivell qui le porte cependant plus vers la musique que vers les paroles. Les langues pourtant, il aime ça. Il en parle sept. En entendant parler breton chez ses grands-parents et leurs voisins de Plouay, il achète dictionnaire, grammaire, méthode de Roparz Hemon… Mais sans résultat. Quand il apprend la bombarde avec Louis le Blond, son voisin, celui-ci insiste pourtant : “Dommage que tu ne parles pas breton…”

C’est beaucoup plus tard qu’il s’inscrit en faculté à Rennes, suivant l’enseignement à distance avec un samedi par mois en présentiel. Mark Kerrain et Lukian Kergoat, les professeurs de l’université, le font progresser. Pendant deux ans, il apprend les bases. Puis, à Ploemeur, près de Lorient, où il s’inscrit au stage de six mois en immersion de Stumdi, il perfectionne son vannetais avec Laurent Bigot, Klervi Rivière, Rozenn Talec… Il comprend alors la langue de ses grands-parents. Il décide d’aller collecter, s’en va sur la route avec sa caméra enregistrer de nombreux personnages hauts en couleur du vannetais, avec Monique ar Boulc’h. On espère que ce beau travail sera bientôt accessible…  Et là, le puzzle se reconstitue, il comprend les paroles, il écoute des heures d’enregistrements, il compare les différentes versions et compose à son tour des paroles.

Voyageur et quêteur de soleil

On trouve le soleil dans le titre du premier CD qu’il va enregistrer, complètement par hasard : à la Taverne du roi Morvan à Ploemeur, un copain passe l’enregistrement des deux premiers airs que le groupe de Jañlug, à peine constitué, vient de jouer dans la journée. Il le diffuse sur Facebook. France 3 appelle Jañlug en demandant au groupe de se produire… une semaine plus tard, devant les caméras du studio de Rennes.

Il faut trouver un nom pour le groupe, un batteur… Seulement deux airs à leur actif. Et Coop Breizh propose déjà un disque… Les choses vont un peu vite. Jañlug aime les pays du soleil. Il a beaucoup voyagé en Afrique, en Europe, et il adore la musique brésilienne… Alors le disque s’appellera An heol gor (le soleil brûlant) et le groupe Dañs er jeko (La danse du lézard, un amoureux du soleil). Jañlug travaille sans relâche pour que le CD [RT2] soit prêt au bout de trois mois. Le groupe a sorti aujourd’hui deux disques, édités chacun à 3 000 exemplaires.

“En écrivant tous les jours pendant trois mois, j’ai réussi à créer les chansons du disque.” La musique dénote un peu dans le paysage musical breton, avec des thèmes le plus souvent légers, avec ce soleil omniprésent. En témoigne le premier titre du deuxième album de Dañs er Jeko, « An Taol Siroko » :  « Cousin du soleil ».

Kreiz-Breizh Académie et Nava, une nouvelle aventure dans les musiques du monde

Jañlug est le doyen des musiciens accueillis à la KBA d’Erik Marchand. Sa connaissance du chant traditionnel vannetais, sa formation autodidacte de musicien et sur la langue bretonne y sont pour beaucoup. Avec son compère, le débutant Youenn Lange, ils ont formé le couple de chanteurs de la KBA#5. Quand on dit à Jañlug que la musique de Nava ou de la KBA  est “orientale”, il s’insurge : “La musique bretonne est modale, comme beaucoup de musiques du monde. Si on crée des rencontres entre ces musiques, cela reste de la musique bretonne, avec les thèmes et les caractéristiques particulières de la musique bretonne.” Il va à Téhéran, dans le cadre de la KBA, et est accueilli par de grands chanteurs et chanteuses de tradition. Il adore cette musique qui, pour lui, est très proche de la musique bretonne. Avec la vielle électrique de David Sévérac et les percussions de Gaël Martineau, Nava se situe au croisement du jazz, de l’improvisation et de la musique traditionnelle d’ici. Musique no border, à la fois enracinée et ouverte sur le monde : ici, c’est loin d’être un cliché…

Confinement et projets : le soleil, toujours…

Jañlug a volontairement mis un terme à son statut d’intermittent, mais il n’est pas de nature pessimiste. Il a commencé à écrire des poèmes en breton et en français. Il continue à enseigner dans les écoles de musique du Faouët et de Quimper ce que les anciens lui ont transmis. Heureux d’être sur cette terre, ravi de chanter en fest-noz comme en concert, le soleil n’a pas fini de briller à Plouay !

Pour écouter Jañlug :
https://janlug.net/

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