Depuis 1828, la plage de Saint-Efflam, dans le Trégor, voit se dérouler, entre juin et septembre, le temps d’une marée, des courses hippiques de trot et de galop. L’un des trois derniers hippodromes marins de Bretagne continue de séduire, bien au-delà du milieu professionnel.
À la tête du monde, tout se passe comme si les hommes et les chevaux étaient mariés. Depuis le début des temps. Les courses faisaient partie intégrante de la vie de nos ancêtres, au temps où Mogis(1) mesurait 1,35 mètres au garrot, arborait une jolie robe pangarée et marchait l’amble. On montait à cru. On courait pour se rendre à la chapelle du saint local. On courait, nu ou presque nu, vêtu d’un simple pantalon de berlinge, pour traverser l’estran éclaboussé d’eau salée. On courait, trois tours dextrogyres, autour des chapelles sacrées et des fontaines sacrées. On courait aux mariages. On courait aux pardons. On courait presque partout dans un climat de saine émulation qui ravissait les garçons, les filles et les aimables compagnons à quatre pattes.
Le xixe siècle vit se créer les hippodromes marins. “Celui de Saint-Efflam, dit le Docteur René Elléouet, président du comité des courses de Plestin-les-Grèves de 2008 à 2021, fut fondé en 1828 par le marquis de Kergariou, qui possédait une belle écurie de juments et d’étalons ‘pur-sang’ et ‘demi-sang’.”
Près de deux siècles plus tard, et après deux ans d’interruption due aux mesures sanitaires, les courses sont plus vivantes que jamais, grâce à une équipe d’une centaine de bénévoles qui s’active sur la vaste étendue de sable blond, une bonne semaine avant la compétition.
C’est qu’ici, courses et hippodrome marin font figure d’institution. La population s’identifie massivement à cet événement qui attire des milliers de spectateurs. “Plus de 3 500 entrées l’an dernier !”, assure Hervé Goarin, médecin plestinais, vice-président de l’association de 2011 à 2023. Aujourd’hui, c’est Françoise Fournis-Prudhomme qui tient fermement les rênes de l’association depuis 2021, après avoir assuré le secrétariat pendant une douzaine d’années. Une belle reconnaissance dans un milieu “qui s’ouvre largement aux femmes depuis une dizaine d’années” selon René Eléouët, tant dans l’organisation que dans les courses elles-mêmes, puisque, en 2022, la jeune jockey Gaëlle Godard a remporté haut la main la coupe de trot monté, dans des compétitions mixtes. (…)