Enregistrement en gallo, photo Didier Houeix

Depuis les années 1990, des collectrices et collecteurs parcourent la Haute-Bretagne pour enregistrer des conversations en langue gallèse, dans le prolongement des folkloristes du xixe siècle. Depuis une quinzaine d’années, l’enregistrement d’enquêtes linguistiques s’intensifie. Une occasion de rencontrer la diversité du gallo et de contribuer à sa revitalisation.

L’intérêt pour le recueil de la langue gallèse depuis la fin du xixe siècle a un lien étroit avec le recul de la pratique de la langue qui s’est accentué à partir des années 1950. Ce recul s’explique surtout par une politique française qui a programmé la disparition des “patois” dès la période révolutionnaire. La politique scolaire de la fin du xixe siècle a accentué ce processus en excluant toute autre langue que le français à l’école et en stigmatisant la pratique des autres langues alors parlées dans les familles. Les bouleversements du xxe siècle vont renforcer l’hégémonie du français : exode rural, changements de métiers, naissance de la radio et de la télévision, développement de l’écrit dans la vie quotidienne. Aujourd’hui, l’Unesco classe le gallo comme langue “sérieusement en danger” car “surtout utilisée par la génération des grands-parents et leurs ascendants”.

Dans le même temps, des initiatives en faveur du gallo ont vu le jour au xxe siècle. La fin des années 1970 a marqué un tournant avec une revendication plus affirmée du statut de “langue” à part entière de ce que beaucoup voient d’abord comme un “patois” sans intérêt, voire du français “déformé”. Cette revendication est en partie motivée par une volonté d’affirmer une égale dignité du gallo aux côtés du français et aussi du brézonec, l’autre langue bretonne. En réponse au mouvement citoyen, les institutions ont accordé un peu de place au gallo. Côté État, une option gallo a vu le jour dans certains lycées à la rentrée 1983. Côté Région Bretagne, le gallo a été reconnu en 2004 comme l’une des “langues de Bretagne”. Aujourd’hui, des communes signalisent leurs entrées d’agglomération ou des équipements en gallo. (…)

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