Anna Duval Guennoc, jouer en chantant, dessiner le monde…
Le sourire aux lèvres, toujours prête à créer de nouveaux chemins, Anna Duval Guennoc aime jouer, chanter, dessiner, voyager. Ce qui lui plaît, ce sont les beaux projets liés à son pays et au monde, loin des habitudes et de la tristesse ambiante.
Plouguerneau et Diwan : berceaux des artistes bretons d’aujourd’hui ?
Petite, Anna vivait avec son père et sa mère dans un triangle entre Carhaix, Rennes et Plouguerneau. Souvent seule avec son frère elle passe son temps à chanter, à dessiner et à jouer. Elle dit en riant : « Ça ne m’a jamais quitté, j’aime toujours autant chanter et jouer ! » Vivant non loin de la troupe de théâtre Ar Vro Bagan à Plouguerneau, elle en fera longtemps partie. Elle rejoint également la chorale Diwan Allah’s kanañ qui est formée après un voyage en Palestine par des lycéens de Carhaix. Avec Job an Irien ils ont chanté sans arrêt, toujours en breton. Au retour, la chorale est née. Elle gagne le concours des chorales en breton en 2010 et 2011, faisant évoluer profondément le style : costume affranchi des codes, chants africains, danse… Deux disques, une centaine de concerts : l’expérience collective et autogestionnaire de cette chorale « pas comme les autres », composée en partie de croyants même si la spiritualité d’Anna n’a pas grand chose à voir avec le catholicisme, vont entraîner ensuite une multitude de projets.
Dessinatrice professionnelle pour le cinéma, l’édition, le CNRS
Si le breton lui plaît, c’est aussi le cas des arts. Elle quitte donc Diwan après la troisième pour s’inscrire en Arts appliqués au lycée Vauban à Brest. Sa maman souhaite une profession stable, prof de dessin par exemple. Alors, bac en poche, Anna part à Paris suivre deux années de prépa. Difficiles mais intéressantes. Puis elle postule dans une école de dessinateurs scientifiques, six places seulement par an. Sa candidature est retenue ! Suivent deux années passionnantes, avec des scientifiques, dessinant et peignant des plantes et des animaux, morts et vivants. Puis Anna collabore à des documentaires en breton : Ar gwim, Botoù koad tredan de Kalanna, Tremen en ur ganañ / Passer en chantant de Ronan Hirrien : un très beau film plusieurs fois primé sur Yann-Fañch Kemener, ainsi qu’une série de 24 films courts, Louzaoueg Anna, où ses nombreux talents s’expriment : écriture du scénario, actrice, présentation des plantes qu’elle a dessinées auparavant –l’ortie, la ronce, la fougère… Tous ces documentaires ont été diffusés par France 3.
Le monde de l’édition la déçoit un peu, surtout par sa nécessité d’y créer dans l’urgence. Elle qui aime prendre son temps, comme Buffon et les naturalistes des XVIIIe et XIXe siècles, voudrait mènera bien des projets plus longs, plus tranquilles, plus respectueux de l’artiste et de son rythme…
Du Guatemala à Madagascar
Intéressée par le théâtre, mais aussi par les voyages, Anna prend son sac pour partir au Guatemala avec la troupe de théâtre britto-guatémaltèque La Obra, pour un mois. Elle y restera deux mois de plus, amoureuse du pays et d’un galant… Mais l’amour de la Bretagne est plus fort et la voici revenue.
Grande voyageuse, elle continue à dessiner de partout, transmettant par Internet ses dessins à ceux qui les lui commandent, comme le CNRS. Elle a vécu à Madagascar deux fois trois mois. Curieuse, elle cuisine sur un bateau, dessine son carnet de voyage…
Anna aime changer de paysage mais ne peut s’empêcher de revenir en Bretagne, toujours.
L’avenir : dessiner toujours, partir voyager en camion, chanter …
Fin septembre 2020, dans la chapelle-cathédrale de St Herbot, Anna chante La peste d’Elliant, clin d’œil à notre peste covidienne. Elle chante Les vêpres des grenouilles, aborde un répertoire traditionnel revisité avec une vielle rectangulaire en contreplaqué, elle chante avec son ami des rimadelles, une polka, rythmées par un orgue bricolé. Des feuilles de fougère, des bouts de bois frappés, du métal… La salle est sous le charme. Créative, joueuse, Anna s’amuse sur les routes de sa vie. Elle repart dans son camion, explorer de nouvelles pistes ou rénover sa maison. La petite fille de Plouguerneau n’a pas fini de nous surprendre.