Un dimanche pas comme les autres nous entraîne à Corlay, à l’hippodrome du Petit Paris. Un endroit désuet, exquis. Comme la plupart des obstacles sont visibles des tribunes, le spectacle ne manque ni de suspense, ni de rebondissements. 

Une fois l’entrée franchie, chacun tient en main le journal des courses. Un précieux sésame qui va être épluché, biffé, dont personne ne se sépare. Certains le complètent avec des coupures de journaux locaux soigneusement découpées, quand le néophyte fait face à un déploiement de noms et de chiffres bien énigmatiques. 

Dans l’attente du grand moment, casquettes et chapeaux déambulent, entremêlant le patois d’ici, l’accent du pays breton, celui du touriste égaré. Le cheval est présent dans tous les esprits. Son parfum chaud et grisant ne cesse de chatouiller les narines. À l’ombre des grands chênes, un pique-nique se termine.

Sur l’aire d’échauffement, des chevaux se dérouillent en marchant tranquillement. Depuis l’aurore, les lads sont aux petits soins avec eux et leur évitent tout signe d’inquiétude ou d’excitation. Le cheval est un véritable système d’alarme grâce à son champ de vision étendu, son odorat développé. Il nécessite de chacun une débauche d’attentions. 

Commence la pesée des jockeys dans une atmosphère presque nonchalante qui ferait oublier la fébrilité naissante. Portant contre eux leur selle, ils s’abandonnent à la balance comme absents à ce moment, déjà projetés dans la course à venir. La foule se presse au rond de présentation. Les parieurs ont quelques minutes pour jauger sur place les concurrents qui dévoilent ou pas leur envie d’en découdre.

“Alors, prêt pour la course, en forme ?”, n’hésitent pas certains, quand le connaisseur, taiseux, demeure insondable.

Dans un instant tous auront misé.(…)

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