Kelly Mahoïc, femme pêcheur
À 23 ans, Kelly Mahoïc est l’une des rares femmes pêcheurs professionnelles en Bretagne. Une histoire de passion et de courage pour cette native du Morbihan, qui prouve que les métiers maritimes n’ont aucune raison de rester réservés aux hommes. Portrait.

Trois heures du matin. Le Moby Dick franchit la jetée de La Chaume qui marque l’entrée du port des Sables-d’Olonne et met cap au sud. À bord du fileyeur blanc et bleu de 12 mètres, l’équipage – un patron et trois matelots – prépare le matériel de pêche et dispose les bacs qui accueilleront d’ici quelques heures les soles tant convoitées. Parmi ces matelots, une femme : à 23 ans, Kelly Mahoïc a déjà cinq ans d’expérience dans le métier. Regard volontaire, gestes sûrs, cigarette aux lèvres, elle démaille un filet tandis que ses collègues clarifient la ligne de flotteurs et procèdent à un ultime réglage du moteur. Sans oublier de préparer le café qui aidera l’équipage à tenir les 14 heures de travail qui s’annoncent. 

Si la jeune femme est aujourd’hui embarquée sur un navire des Sables-d’Olonne, c’est bien en Bretagne, sa terre natale, qu’elle a commencé sa carrière. “Je ne suis pas issue d’une famille de pêcheurs, même pas originaire du littoral. Franchement, rien ne me prédestinait à ce métier”, s’amuse-t-elle encore aujourd’hui. Kelly a en effet passé son enfance à Plouay, commune rurale du Morbihan. Pourtant à 14 ans, elle choisit de préparer un cap au lycée maritime d’Étel. Choix qu’elle décrit comme une évidence : “J’avais accompagné plusieurs fois mon père, docker, au port de Lorient. Ma mère me parlait aussi de son frère marin. Un type un peu fou qui sortait acheter des clopes et revenait trois semaines après, saoul et amoché. Le spectacle des bateaux partant au loin, l’idée de marins formant une communauté un peu dingue, différents des autres et solidaires… Cela ne correspond pas toujours à la réalité, je m’en rends compte aujourd’hui, mais à l’époque, ce que je voyais comme une vie d’aventure me fascinait. En tout cas davantage que devenir coiffeuse comme me le proposait la conseillère d’orientation du collège !”

Autres articles de ce numéro:

A lire également