Alan Stivell entouré de l’ancien maître-charpentier Jean-Yves Riaux, l’un des impétrants du jour (à gauche) et de l’ethno-musicologue Yves Defrance

Ses 110 printemps font du Diplôme d’études celtiques le plus vieux diplôme de l’université rennaise. Mais ces dernières années, une version rénovée de celui-ci, à l’initiative du sociologue Ronan Le Coadic, lui confère une nouvelle jeunesse… et une place à part au sein de la galaxie culturelle bretonne. 

“Le Menez Hom de la Bretonnitude”. Planté près d’une borne de la Redadeg, course bisannuelle de soutien à la langue bretonne, dans l’attente du passage de témoin, avec le sommet armoricain se profilant au-delà du pont de Terenez, un alumni ne peut s’empêcher d’oser cette image parlante pour décrire son expérience du Diplôme d’études celtiques. Créé en 1911, le Diplôme d’études celtiques passe pour le plus vieux de l’université rennaise encore en vigueur aujourd’hui. Le véritable père du diplôme serait Anatole Le Braz. Désireux de voir reconnaître mieux encore les études celtiques à défaut d’avoir pu lui-même obtenir un poste de professeur de breton, l’auteur de la Légende de la Mort serait intervenu auprès du ministère pour que les cours d’études celtiques dispensés alors par Georges Dottin à la faculté de Rennes soient sanctionnés par un vrai diplôme. Ce sera donc chose faite en 1911, avec même la création d’un double diplôme : le certificat supérieur d’études celtiques et le doctorat ès Lettres celtiques (1)

Ce fut le début de l’aventure du dec, qui a formé des générations d’amoureux de la Celtie, parmi lesquels Lena Louarn, Rozen Milin ou encore Gwendal Denez, le fils de Per Denez qui dirigeait alors le diplôme, qui deviendra lui-même un enseignant du dec nouvelle formule. Certes, ce dernier n’est plus celui de Le Braz et Dottin. Il a même connu plusieurs époques. Ainsi le dec des années 1970-1980, sous la direction de Per Denez, n’avait déjà plus tout à fait le même contenu que celui des origines. Mais une chose demeurait de l’idée des fondateurs : les études celtiques s’articulaient autour de la préservation de la langue bretonne en péril. 

Et cette prégnance linguistique finit assurément par l’emporter sur le civilisationnel : quand en 1982 une nouvelle étape dans la reconnaissance universitaire du breton fut franchie, à savoir la création de la licence de breton à Rennes 2, le sort du Diplôme d’études celtiques fut scellé. Quelques années durant, il parvint à perdurer. Mais son existence ne se justifiant plus à côté de la licence de breton, l’aube du xxie siècle le vit disparaître. 

L’histoire ne devait pourtant pas s’arrêter là. Rapidement, dans un monde universitaire où l’enseignement de la Bretagne et des mondes celtiques tendait à s’appauvrir, la nécessité d’un enseignement spécifique réapparut. “On se trouvait à une charnière, explique le sociologue Ronan Le Coadic qui sera l’artisan du renouveau du dec. Une enquête menée alors par Bretagne culture diversités (bcd) révélait que 60 % des sondés exprimaient leur envie d’en savoir plus sur leur culture et leur histoire. Professeur au département de breton et celtique de Rennes 2 et, par ailleurs, animateur de bcd et auteur de la thèse L’identité bretonne, Ronan Le Coadic prend conscience qu’il existe bien un besoin pour des cours en français, s’inscrivant là dans l’esprit même de Le Braz qui, tout en maîtrisant parfaitement le breton, n’écrivait – ou plus exactement – ne publiait qu’en français. Le mieux est donc de rouvrir le département d’études celtiques. (…)

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