Au terme d’une rénovation minutieuse et de qualité, le vieux phare de l’île Vierge et son ancienne maison des gardiens se sont transformés en éco-gîte. Menée par la communauté de Communes du Pays des Abers, en partenariat avec le Conservatoire du littoral – propriétaire de l’île – et les instances culturelles publiques, la restauration a été le fruit d’une réflexion sur l’esprit à donner au lieu. Les artisans choisis ont su exprimer leur savoir-faire avec justesse, alliant authenticité, souci du détail parfait et confort chaleureux, tout en surmontant les défis de l’insularité. Ouvert depuis l’été 2020, l’éco-gîte s’inscrit dans une recherche de tourisme durable. Retour sur l’histoire d’une île dont la vocation demeure la signalisation maritime.
Un programme de restauration ambitieux
À quelques encablures de la côte de Plouguerneau, l’île Vierge délimite la mer d’Iroise et la Manche. Située dans une zone truffée de roches, la navigation y est délicate et le trafic maritime, intense, a nécessité des aides primordiales à la navigation. Deux phares ont été érigés sur l’île ; le premier construit en 1845, dont la tour carrée, attenante à la maison des gardiens, s’élève à une hauteur de 33 mètres pour un feu d’une portée de 18 milles. Insuffisant, d’après les ingénieurs du service des Phares et Balises, qui, lors de la construction du phare du Créac’h sur l’île d’Ouessant en 1863, prévoient de renforcer le signal lumineux de l’île Vierge pour faciliter l’entrée des navires dans la Manche. Il est donc décidé que le feu devrait être rehaussé de 75 mètres. L’île étant peu élevée au-dessus du niveau de la mer, les ingénieurs planchent sur une construction, somme toute, hors norme. En 1896, le projet de nouveau phare, répondant aux exigences demandées, est présenté. Une tour ronde, d’un diamètre de 16 mètres en fondation et 7 mètres au sommet, surmontée d’une corniche de couronnement accueillant l’optique et sa coupole, atteindrait une hauteur totale de 82,50 mètres. Ce sera alors le plus haut phare du monde ! Pour ce chantier colossal, on fait venir les meilleurs ouvriers et des matériaux de qualité. Si les moellons de granit sont extraits directement sur l’île, les pierres de parement sont rigoureusement choisies aux carrières de Kersanton à Logonna-Daoulas et L’Hôpital-Camfrout. Un ingénieur surveille même les carriers pour que l’approvisionnement du chantier du phare ne soit pas interrompu malgré les demandes de James de Kerjegu, président du conseil général du Finistère, qui, à la même période, se fait construire un château en son domaine de Trévarez. Le chantier du phare de l’île Vierge dure cinq ans et le travail du gros œuvre est réalisé tout en maintenant un souci d’esthétisme. Les 360 marches sont toutes formées d’une pierre unique et, pour recouvrir l’intérieur de la tour et protéger ainsi l’édifice de l’humidité, une commande de 900 m2 de plaques d’opaline est faite aux manufactures de Saint-Gobain. (…)