Le 14 mai 2023, sous un soleil timide, Gaëlle Nicolas, première édile de la ville de Châteaulin, agite le drapeau tricolore pour donner le départ de la course des Boucles de l’Aulne. Il s’agit désormais d’une étape de la coupe de France inscrite au calendrier de l’UCI Europe Tour. Le Circuit de l’Aulne, plus grand critérium du monde selon la formule consacrée, a vécu.
Une minute de silence est observée à la mémoire de Louis Lautredou, professeur d’histoire à la retraite, qui a beaucoup œuvré pour le Circuit de l’Aulne. Le silence est à peine troublé par le bourdonnement des inévitables binious et les conversations des coureurs basques de l’équipe Euskaltel Euskadi, au premier rang sur la ligne de départ. Daniel Mangeas, speaker officiel du Tour pendant des décennies, officie au micro. Comme un écho au lustre d’antan.
La dernière édition du critérium du Circuit de l’Aulne a eu lieu en 1998. L’âge d’or était déjà loin : “L’année 1980 reste mythique avec la venue du champion du monde Bernard Hinault battu par Daniel Willems : un crime de lèse-majesté”, relate Alain Le Gouill, président des Boucles de l’Aulne depuis 2006 qui, selon lui, “perpétue l’esprit du Circuit de l’Aulne”. Ce critérium d’après-Tour auquel le journaliste Jean-Paul Ollivier a consacré un livre, faisant de la sous-préfecture du pays Rouzig rien de moins que la capitale du cyclisme ! L’affirmation de l’ex-com-mentateur télévisé est en accord avec les propos de Stéphane Hinault, ancien coureur et manager de la formation professionnelle bretonne Arkéa-Samsic : “C’était le plus grand critérium d’Europe, il y avait une foule considérable, le cyclisme était, sans doute, plus porteur que maintenant.” Pour preuve, “les tribunes naturelles étaient noires de monde”, rappelle le même Hinault. S’il y a bien un symbole du critérium déchu, ce sont ces rangées de sièges en bois envahies par la végétation, accrochées à flanc de colline, avec le ruban émeraude de l’Aulne s’écoulant en contrebas. Thibault Guernalec, coureur pro natif de Châteaulin, vient de boucler son premier Giro à 25 ans. S’il est trop jeune pour avoir connu le Circuit, il déplore également la disparition de cet élément emblématique du paysage châteaulinois : “C’est dommage de laisser les gradins dépérir.” (…)