Au milieu des marais, le massif du Mont-Dol domine les marais de ses 65 mètres. © Inventaire général, Auteur inconnu

La baie du mont Saint-Michel a de tous temps subi le caprice des climats. La mer s’est retirée très loin, découvrant une immense plaine maritime, ou a au contraire inondé le littoral jusque dans l’intérieur des terres. Environnement, végétation, faune et activité humaine ont dû s’adapter au mouvement des marées. En 1872, un archéologue rennais, Simon Sirodot (1825-1903), fait une découverte exceptionnelle au Mont-Dol, un ancien îlot granitique, aujourd’hui isolé dans les marais, qui donne sur la baie du mont Saint-Michel. Il annonce que mammouths, rhinocéros, ours, lions des cavernes et autres grands mammifères auraient été chassés en des temps anciens par l’homme de Néandertal sur la zone recouverte aujourd’hui par la Manche. Une déclaration qui vient remettre en question les croyances sur l’origine de l’Humanité, d’autant que les fouilles mettent à jour des outils en pierre taillée datant de la dernière glaciation voilà 115 000 ans.

Un trésor qui vaut tout l’or du monde est sous les pieds de l’archéologue. Il faut d’abord per-cer la roche pour descendre dans cette faille et élargir l’espace. Les ouvriers atteignent à la pelle et à la pioche la galerie mythique. Des couches micacées, puis une terre végétale et ensuite une épaisseur de graviers s’offrent aux yeux de l’équipe avant que n’apparaisse une couche sablonneuse renfermant le précieux gisement moustérien. Ce dernier a hélas aujourd’hui disparu avec l’exploitation des carrières. Nous sommes alors à 7,22 mètres au-dessus du niveau des basses marées. Le professeur et les carriers, en s’enfonçant dans cette cavité, font un saut en arrière de plus d’une centaine de milliers d’années. Sirodot n’en croit pas ses yeux lorsque des débris d’os d’animaux et d’objets d’indus-trie humaine commencent à émerger des pro-fondeurs. Des vestiges ayant dû connaître des conditions d’enfouissement et de conservation hors du commun, sont à portée de main. Simon Sirodot remarque d’abord cette terre noirâtre dont les qualités ont favorisé la sauve-garde de ces preuves préhistoriques au fil des millénaires. Un mouvement de la mer est venu de son côté recouvrir le gravier d’une couche d’argile sablonneuse. Une épaisseur de coquilles de la baie de Cancale neutralisant l’acidité du terrain s’est ajoutée à cette strate offrant une protection supplémentaire à ces débris d’un autre âge, dont une quantité impressionnante d’ossements et de silex taillés datant de l’époque des mammouths. (…)

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