Depuis 1989, l’automne en Loire-Atlantique s’affiche aux couleurs du festival Les Celtomania. L’édition 2023, trente-quatrième du nom, du 29 septembre au 26 novembre, s’organise avec un nombre record de localités partenaires et plus de 50 rendez-vous au programme. Comment en est-on arrivé là ?
Nous sommes à la fin des années 1980 et la ferveur des années du renouveau culturel breton est quelque peu retombée. Le Centre nantais de culture celtique ferme ses portes et avec lui la quinzaine celtique au Château des ducs de Bretagne, temps fort culturel breton de la cité ducale. Quelques tentatives de reprises de cet événement échouent… “1989 voit un changement politique majeur avec l’élection de Jean-Marc Ayrault qui laisse entrevoir de nouvelles perspectives pour l’action culturelle”, se souvient Christophe Lelu, créateur des Celtomania.
Mais comment s’y prendre pour lancer un nouveau festival ? “Tout sim-plement en fédérant les organisateurs qui çà et là œuvraient dans leur coin, en leur proposant de communiquer ensemble sur une période automnale”, explique-t-il. Le festival Les Celtomania démarre modestement avec la seule ville de Nantes au départ, rejointe ensuite par les villes de Saint-Herblain, Orvault et Saint-Sébastien-sur-Loire trois années plus tard, pour arriver aujourd’hui, certaines années, à 25 communes et communautés de communes.
Le concept est toujours resté le même : l’association Les Celtomania n’engage pas d’artistes mais coordonne la programmation qui se déroule sur deux mois, en octobre et novembre, en veillant à la non-concurrence entre organisateurs, tout en apportant au besoin le conseil artistique nécessaire. En échange de la réalisation et du financement des supports de communication, les communes subventionnent le festival, avec le soutien du Département et de la Région Pays de la Loire, voire de la Région Bretagne, et des partenaires privés.
“Ce principe de co-réalisation, assurée par des services culturels municipaux ou des associations, nous apporte une communication démultipliée à l’échelle départementale et permet à de petites communes d’être présentes, tout en réduisant les coûts”, souligne Luc Brossier, l’actuel président de l’association. La communication joue volontiers sur le choc, voire la provoc ! Certaines affiches, où l’autodérision était de mise, ont défrayé la chronique. En 1996, un pulpeux Bigouden en dentelle offusque le milieu. Reconnu, il a failli être entarté ! En 2001, la statue de la Liberté est drapée en gwenn-ha-du juste avant l’attentat du World Trade Center. Certaines communes refuseront de présenter l’affiche. En 2011, c’est “United colors of the Bretons” (Livioù Unanet Breizh), en hommage à Kofi Yamgnane… Quoi qu’il en soit, le festival est entré au fil des ans dans le patrimoine culturel nantais. L’affiche d’une des premières éditions, illustrée d’une Anne de Bretagne “customisée”, a même trouvé place dans le musée d’histoire de Nantes au sein du Château des ducs ! (…)