Corinne Poulain est la directrice des Champs Libres à Rennes depuis septembre 2018, poste qu’elle occupe après avoir été la directrice des affaires culturelles de Rennes Métropole les trois années précédentes. Un retour aux sources pour celle qui est née dans cette ville au tout début des années 1970 et qui a travaillé, au gré de son parcours professionnel, dans l’édition, en Allemagne, en médiathèque et dans les services culturels, en région parisienne, au ministère de la Culture en tant que conseillère auprès d’Aurélie Fillipetti puis de Fleur Pellerin.
“Ici, nous sommes dans une place publique des savoirs, ouverte à toutes et à tous, et chacun doit pouvoir s’y sentir chez lui.” Toute l’ambition de la directrice générale des Champs Libres pourrait ainsi être résumée par ce propos. C’est cet esprit d’ouverture, d’écoute qu’elle a voulu installer dès son arrivée en septembre 2018. Et elle l’a exprimé de façon concrète en déplaçant le bureau de direction au beau milieu du long couloir du quatrième étage administratif, et en transformant l’ancien espace dédié, tout au bout de ce même couloir, en lieu partagé. “Vous savez, nous sommes un peu ici comme sur un bateau et il faut qu’on aille toutes et tous dans la même direction.” Le bon sens paysan en quelque sorte pour celle qui a grandi dans le milieu agricole, à Plaintel, dans les années 1970 : “Je viens de ce monde de la terre même si je suis née ici, à Rennes, rappelle-t-elle à dessein. Tout mon entourage vivait en grande majorité dans ce milieu paysan et d’ailleurs, j’ai vécu à cette époque l’émergence du nouveau modèle agricole.” Brillante élève au lycée Saint-Renan, à Saint-Brieuc, la jeune Corinne rejoint Paris et le prestigieux établissement Henri iv avant de s’orienter vers Sciences Po. La voie est toute tracée vers la fonction publique : “C’est à ce moment-là que je me suis posé la question de savoir comment faire pour survivre dans cette fonction publique sans passer de concours.” Il lui fallait trouver une autre porte. Elle s’ouvre, au tout début des années 1990, sous la forme d’un échange entre Sciences Po et une université de Berlin qui offrait la possibilité de préparer, en six mois, un diplôme franco-allemand en sciences politiques. Le diplôme en poche, “je n’ai pas eu envie de revenir en France et je me suis donc installée à Berlin pendant près d’une dizaine d’années”. Outre des petits boulots, dans les cafés notamment, elle va travailler dans l’édition et découvrir le conte, devenant elle-même conteuse : “Dès cette époque, je me suis penchée sur le patrimoine du conte en France, et tout particulièrement en Bretagne.”
En parallèle à toutes ces activités, elle prépare sa thèse de doctorat, en allemand bien sûr, sur l’éducation populaire et artistique comme vecteur de transmission de valeurs. “J’ai pu me questionner sur la façon dont se construisent les préjugés, sur la manière dont se créent les différences entre vous-même et les autres.” (…)