Le musée de Bretagne, installé au cœur des Champs Libres à Rennes, conserve la plus importante collection de photographies en Bretagne, avec quelque 500 000 négatifs recensés. Un premier daguerréotype entre dans ses collections en 1851 et d’autres photographies vont être régulièrement inscrites à l’inventaire tout au long du xixe siècle et jusqu’aux années 1930, à titre essentiellement documentaire, acquises pour les lieux qu’elles représentent, paysages urbains et ruraux, ou pour des événements marquants : visite d’un président ou d’un empereur, inauguration, grands travaux comme l’arrivée du chemin de fer qui va entraîner de grandes commandes photographiques. Après 1930, les acquisitions cessent. Il faut attendre l’arrivée de Jean-Yves Veillard, conservateur de 1967 à 2000, pour assister au grand retour de la photographie dans les collections du musée.
Le musée de Bretagne bénéficie dès le début des années 1970 de la politique visionnaire de son directeur, qui revendique une collecte de masse de la photographie, à une époque où certains avaient encore du mal à considérer celle-ci comme digne d’entrer au musée. Jean-Yves Veillard juge, lui, ces acquisitions d’objets photographiques comme aussi importantes que les autres collections : “Au musée de Bretagne, la photographie nous a paru être, au même titre que les objets, les gravures, les dessins, un bien culturel pleinement signifiant de l’activité humaine […]. L’accroissement de ce fonds iconographique a été une des lignes naturelles de notre politique de collecte.”
Ainsi, jusque dans les années 1990, Jean-Yves Veillard parcourt inlassablement la Bretagne, envoyant des courriers aux photographes-artisans de la région et créant des liens précieux avec les associations culturelles liées à la danse, la langue bretonne, la tradition orale. (…)