Edan berr e teuio war wel an anvioù domani kentañ gant un astenn .bzh. Un doare Gwenn-ha-Du niverel a vo dispaket war ar rouedad gant izili kumuniezh ar Vretoned dre ar bed a-bezh. Hir e vo bet gortozet. Met dav eo teurel fed war gement-mañ : ar Vretoned a zo deuet a-benn da labourat a-gevret evit kas ar raktres-se da benn-vat. N’eo ket un dister tra. Pere eo bet an troioù hag an distroioù war hent an trec’h ? Ha pelec’h emañ an dalc’h a-benn ar fin ?
Le monde au fond de mon panier
.bzh, l’extension numérique du Gwenn-ha-Du
D’ici peu, les premiers noms de domaine dotés de l’extension .bzh vont faire leur première apparition. Une sorte de Gwenn-ha-Du numérique qui sera déployée sur la toile par la communauté des Bretons dans le monde entier. Il aura fallu patienter longtemps. Mais le fait suivant mérite d’être souligné : les Bretons ont réussi à travailler ensemble pour mener à bien ce projet. Ce n’est pas un vain mot. Quelles péripéties ont conduit à cette victoire ? Et au fond, quels en sont les véritables enjeux ?
Le dossier .bzh a progressé pas à pas depuis que Christian Ménard, député du Finistère, a donné la première impulsion dès 2004. Voilà maintenant dix ans… Et pourtant, il n’y a eu aucun temps mort. Une pétition organisée par Mikael Bodlore-Penlaez sur GeoBreizh recueille alors en quelques mois plus de 10 000 signatures. Le nombre des signataires atteint désormais 22 000, bon an mal an, parmi lesquels vingt-sept députés. Les élus de tous bords s’en sont trouvés confortés et nombre de collectivités locales ont voté leur soutien unanime au projet en 2006, dont le conseil régional et les conseils généraux d’Ille-et-Vilaine et du Finistère… Bien d’autres soutiens se sont manifestés depuis, y compris celui du conseil général de la Loire-Atlantique. Des réseaux économiques (Produit en Bretagne, ABEA, Chambre d’Agriculture, CGPME 22…), des acteurs culturels (Ofis Public de la langue Bretonne, Kuzul ar brezhoneg, Diwan, Dihun, Div Yezh, BAS, le Festival Interceltique de Lorient, Gouelioù Breizh, War’ Leur, Stumdi…), ou encore des organisations internationales (An Tour Tan, Diaspora Économique Bretonne, Breizh Eire…) ont également tous apporté leur soutien au .bzh. Si bien que l’on peut légitimement parler d’un projet porté par toutes les forces vives de la Bretagne.
En 2007, une étude de faisabilité a été confiée à Bretagne Prospective à la demande de la Région. Elle a été conduite par Christian Demeuré-Vallée et Michel Bouvier. C’est au vu des résultats de cette étude que la Région a souhaité que soit créée une association chargée de porter le projet devant l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), qui gère les noms de domaines dans le monde. C’est ainsi que l’association www.bzh a vu le jour en 2008. Elle est présidée par David Lesvenan et compte aujourd’hui environ trois cents membres.
La Bretagne à l’avant-garde
www.bzh a fait son chemin et présenté officiellement son dossier d’inscription au mois de juin 2012. La Région, qui a participé aux frais depuis l’origine, a accordé un prêt remboursable de 250 000 € à l’association pour conduire le projet à bonne fin. Le 10 mai 2013 parvenait l’heureuse nouvelle : le .bzh était accepté par l’Icann. La Bretagne est le premier territoire en France à bénéficier de sa propre extension, devant l’Alsace, la Corse ou l’Aquitaine, qui sont aussi sur les rangs…
Se confirme ainsi la position très en pointe de la Bretagne dans l’univers des technologies de l’information et de la communication (TIC), et en particulier dans la sphère Internet. Des secteurs de la plus haute importance, qui expliquent à eux seuls 25 % de la croissance mondiale. Grâce au .bzh l’usage d’Internet va encore se développer en Bretagne. De nouveaux utilisateurs feront leur apparition sur la toile, séduits par cette nouvelle extension, et la fracture numérique s’en trouvera d’autant réduite. Il reste quelques petits réglages techniques à faire avec l’Icann, mais le .bzh franchira la ligne de départ avant l’été 2014, selon toute vraisemblance.
Une centaine de partenaires auront alors la primeur pour faire connaître et promouvoir la nouvelle extension afin de montrer clairement quels sont les buts de cette marque et quel esprit l’anime. Après quoi, pendant une période de soixante jours, baptisée “sunrise” (levée de soleil), toutes les marques et sociétés enregistrées au TMCH (Trademark Clearing House) auront priorité pour obtenir leur .bzh. Le nom des communes et des collectivités sera également protégé. Personne ne pourra l’utiliser sans leur assentiment. Peu à peu l’extension s’ouvrira à tous les Bretons attachés à leur pays, qu’ils résident sur un des cinq départements, ou qu’ils aient des liens de cœur avec la Bretagne, quand bien même résideraient-ils à Paris, New-York ou Tokyo… L’objectif est d’atteindre entre 20 000 et 30 000 utilisateurs en trois ans. Le .cat (pour la Catalogne) a vendu 60 000 noms de domaine depuis 2006. Un franc succès.
La guerre des territoires
Alors même que la vie économique se mondialise, les territoires ont besoin d’émerger. Il faut attirer les entreprises, les salariés bien formés, les touristes… Là où on ne fait plus la guerre à coup de canon, on la fait avec des images. L’image des territoires est leur porte-parole. Première loi pour l’emporter : être reconnu au sein du capharnaüm mondial et parmi les 1200 extensions qui seront bientôt autorisées par l’Icann, en plus des 250 extensions actuellement répertoriées. Voilà donc un des objectifs du .bzh : être l’ambassadeur de la Bretagne sur le Web. C’est la signature du pays. Une façon de renforcer les liens au sein de la communauté et d’en manifester l’existence dans sa plus claire évidence. Ainsi se forge une identité unie et ouverte sur le monde, qui transcende par ailleurs la mosaïque des départements…
Sur le plan économique, le .bzh ouvrira de nouvelles opportunités de services. Là où les hôtels sont surexploités par les sociétés de réservation en ligne, il deviendra possible de créer des services de réservation bretons : hotel.bzh, ou bateau.bzh… D’une façon ou d’une autre, les sites bénéficiant de l’extension .bzh seront considérés par Google comme fortement liés à la matière bretonne. À juste titre. En sorte que le référencement naturel de ces sites sera automatiquement amélioré par les moteurs de recherche. Bien souvent aujourd’hui, ces noms de domaines ne font pas référence explicitement à la Bretagne : www.oceanopolis.com ou aquarium-st-malo.com, par exemple… Ce sont là quelques avantages pratiques qui ne sont pas dénués d’intérêt !
Le coût pour les entreprises restera modique. Le .cat a été mis en marché à un prix relativement élevé à l’origine : 75 €. Ce prix a diminué à mesure que croissaient les ventes des noms de domaines. Ils ne coûtent plus aujourd’hui que 15 €. On ignore encore à quel prix sera lancé le .bzh, mais en tout état de cause, ce sera en dessous de 75 €. Et quoi qu’il en soit, le but de l’association n’est bien évidemment pas de gagner de l’argent. Le prix de lancement est appelé à diminuer, et quand un peu d’argent sera gagné par l’association, il sera réinvesti dans des projets culturels. Pour le plus grand bien de notre langue espérons-le.