Le Scorff, photo Myriam Jégat

Sans vouloir se hisser au rang de prophète, il est toujours délicat, voire un rien risqué, d’évoquer son propre pays, si on n’y habite plus, si on l’a quitté depuis des lustres et surtout si on n’a aucune intention d’y revenir. Notre légitimité est forcément mise en cause par cette supposée trahison. J’entends déjà siffler mes oreilles : “Tu ne vis plus chez nous, alors tais-toi !” L’écrivain Pierre Jourde en eut pour ses frais lorsqu’il publia Pays perdu, chronique sans fard d’un village auvergnat où il avait grandi. Lui et sa famille furent accueillis en retour par des insultes et des volées de pierres. Et pourtant, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat : quelques secrets de famille enfouis depuis des générations, quelques considérations sur les bouses de vache et les tas de fumier. Un procès s’ensuivit, qu’il gagna, mais la cicatrice était profonde.

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