Alors que la France fut un pays incontournable de la production de safran entre le xve et le xvie siècle, elle est de nos jours reléguée très loin derrière l’Iran, l’Espagne et l’Afghanistan. Quelques irréductibles Gaulois perpétuent pourtant cet héritage. Anne et Sébastien font partie aujourd’hui des rares agriculteurs à mettre en œuvre ce savoir-faire sur notre territoire. Dans le Finistère, ils m’ont ouvert les portes d’un métier-passion et d’une agriculture souvent méconnue, parfois fantasmée. En effet, “l’or rouge” peut atteindre à la vente les 35 000 € le kg… mais non sans mal. Et il peut aussi donner bien du fil à retordre les mauvaises années !
L’attachant couple de quinquagénaires s’est rencontré à Quimper, avant d’arpenter les routes au fil des métiers de l’équitation. Alors qu’ils géraient leur propre centre équestre dans les Landes, ils ont saisi l’opportunité de revenir dans leur Bretagne de cœur pour reprendre une exploitation maraîchère biologique en pays Bigouden.
“L’idée de safranière mûrissait déjà dans nos esprits. Nous étions attirés par son originalité et par le rythme de travail qui en découle, avec une seule récolte par an – mais du travail toute l’année ! La densité de plantation était aussi adaptée à nos projets d’installation. Par ailleurs, nous avions entendu parler de cultures implantées assez nord, jusqu’en Écosse. Nous étions donc convaincus de pouvoir aussi la réaliser ici”, rappellent-ils avec toujours autant d’enthousiasme. (…)