François Arnaud, souffleur de verre

Bien plus qu’un métier, une passion sans borne

Lorsqu’il évoque son métier, l’œil pétille. François Arnaud est artisan souffleur de verre à la canne. Installé à La Plaine-sur-Mer, en Loire-Atlantique, il voue une véritable passion à une activité pratiquée aujourd’hui par moins d’une centaine de professionnels en France. Sacré meilleur ouvrier de France en 2015, compagnon depuis 2017, il parfait ses connaissances et ses techniques auprès d’artisans à travers le monde.

“L’école ne m’aimait pas !” Ce constat établi, il restait à François Arnaud à trouver une autre voie une fois sorti du collège. En parcourant différents métiers, il note celui de vitrailliste : “C’est d’abord par le vitrail que je me suis intéressé au verre.” Jusqu’au déclic, celui provoqué par la découverte du verre en fusion. “J’ai eu la chance d’avoir des parents qui ont accepté mon choix et m’ont accompagné dans mes démarches.” La première étape sera en 1996, Yzeure, près de Moulins, dans l’Allier, où il entre au lycée Jean Monnet pour préparer d’abord son cap souffleur de verre puis son Brevet des métiers d’art option verrier. Pendant ces quatre années, il passe ses vacances dans des ateliers d’artisans, à Pont-Scorff, dans le Morbihan, et dans le Périgord. Ces échanges avec les professionnels, François va par la suite les multiplier dès sa sortie de formation pour connaître les différentes facettes d’un métier et d’une matière aux multiples influences. Ainsi, après deux ans chez un verrier suédois installé à Montpellier puis une année aux Verreries de Bréhat, il a décidé de partir en Italie, “au culot, sans parler ni anglais ni italien”, rapporte-t-il avec un grand sourire. Et c’est naturellement à Murano qu’il pose sa valise : “Là, on est à la charnière entre l’artisanat et le modèle industriel ; y travailler m’a réellement ouvert tout un éventail de possibilités.” Au-delà, ce séjour italien lui a permis de développer une mentalité, de prendre confiance en lui : “Depuis lors, quand je veux quelque chose, j’y vais, je teste.” Du coup, combiné à une insatiable “soif d’apprendre”, il ne va cesser de multiplier les expériences à l’étranger. Ce sera d’abord Damas, en Syrie, où, à la recherche d’un maître verrier venu en France dans les années 1970, il va découvrir une tout autre organisation du travail du verre : “Les Syriens opèrent assis devant le four, en totale autonomie, même dans la construction du four.” Ce séjour à Damas est pour lui un moment clef dans sa carrière professionnelle : “J’y ai appris une technique qui, selon moi, est la mieux adaptée pour exercer le métier de souffleur de verre en artisan.” C’est ainsi que, revenu à La Plaine-sur-Mer en 2005, il a construit son propre four, sous le préau de sa maison : “J’ai testé sur quelques pièces et j’ai fini par mettre un panneau à l’entrée : ça a marché tout de suite !”

Entretemps, François avait poursuivi son tour du monde des maîtres verriers, avec d’abord un semestre dans une des grandes écoles de Montréal, essentiellement pour l’approche entrepreneuriale nord-américaine, puis direction Le Cap, en Afrique du Sud, où, pendant une année, il travaille avec des Tchèques chez un souffleur de verre. Dans la foulée, il se rend en Tchéquie pour approfondir une nouvelle technique. Cette soif d’apprendre le conduira aussi en Inde en 2009 où il découvre “une forte influence européenne adaptée à la sauce indienne avec un incroyable fourmillement”. Cette année 2009 marque aussi une expérimentation de fours à bois en Belgique et en Allemagne

Avec la volonté “de comprendre et de recréer, avec fidélité, des formes de verrerie de l’Antiquité et autres périodes historiques”, François adhère, dès 2005, à l’Association française pour l’archéologie du verre, puis, en 2014, à l’Association internationale de l’histoire du verre. Cette volonté de continuer à apprendre va de pair avec le souhait de partager ses savoirs. C’est ainsi que, pendant quatre ans, dans son atelier de l’Île aux artisans à Sallertaine, près de Challans, puis aujourd’hui, dans le village d’artisans du Puy-du-Fou, entre avril et novembre, il fait découvrir un métier millénaire, initie et transmet. Le projet d’aménager un nouvel atelier au bout de son jardin pour la période hivernale reste d’actualité, tout comme bien sûr la poursuite de ses voyages à la rencontre des maîtres verriers du monde entier.

A lire également