Même s’il n’a pas quitté sa ville natale, Brest, c’est au cœur du Kreiz-Breizh, à Carhaix, que Matthieu Breton construit sa carrière professionnelle à la tête de la micro-brasserie emblématique de Bretagne, Coreff. Il en est le directeur depuis une quinzaine d’années et nul ne contestera qu’il y a posé sa marque, celle d’un passionné pour qui “humour, autodérision et franche camaraderie vont de pair avec l’amour d’une bière de qualité, le goût du travail et la volonté de bien faire ensemble”.
Après des études à Brest, un passage par les sciences économiques à l’université puis l’école de commerce, Matthieu Breton a tout d’abord entamé son apprentissage professionnel à l’étranger puis dans le centre de la France avant de revenir dans sa Bretagne natale pour entrer dans le secteur bancaire, au Crédit mutuel de Bretagne. S’il ne regrette en rien cette étape, il a vite “aspiré à autre chose”. Alors, lorsqu’il a su que la brasserie était possiblement à reprendre, il n’a pas hésité longtemps. Nous sommes en 2007. Coreff, brassée à l’origine à Morlaix, est déjà un peu connue même si nous sommes encore loin de l’explosion des micro-brasseries de ces dernières années. À l’époque, “c’était la bière de notre région mais cela demeurait encore relativement confidentiel avec seulement une dizaine de bars références dans les grandes villes bretonnes”. L’entreprise vient de quitter Morlaix et d’emménager dans ses nouveaux locaux à proximité de la gare de Carhaix. Elle compte une dizaine de salariés. Au moment de la reprise officielle, en 2008, “j’ai eu la chance de pouvoir m’appuyer sur l’un de mes associés, Paul Bégot [décédé en 2017, ndlr] qui connaissait bien l’entreprise puisqu’il était déjà, depuis 7 ans, le coordinateur des activités de la brasserie”. Première étape, “il nous a d’abord fallu avant tout retrouver une certaine qualité pour notre bière, après les perturbations liées à un déménagement très rapide”. Un temps que Matthieu Breton met également à profit pour appréhender le milieu brassicole et un marché qu’il découvre. Il apprend vite et sait saisir les opportunités qui s’offrent à lui, en particulier pour accompagner les festivals, comme les Vieilles Charrues ou Le Bout du Monde. “Nous avons appris ensemble, avec les organisateurs de ces événements, à répondre à la demande et à gérer toute la logistique.” Après coup, il estime avoir finalement “bénéficié de la chance des ’doyens’, de ceux qui sont déjà en place, qui sont connus”. En parallèle, la doyenne des micro-brasseries bretonnes développe sa communication en ouvrant, en 2014, la Coreff Ambasad, “un espace chaleureux, ludique et pédagogique dont le but est de promouvoir l’origine du milieu brassicole breton”. L’exposition permanente, installée au sein même de la brasserie sur 200 m2, à la place de l’ancien restaurant, est illustrée et commentée en français, mais aussi en anglais et en breton, ce qui contribue à en faire, selon Matthieu Breton, un “lieu d’accueil pour la culture bretonne”. (…)