Sous le soleil de cet été exceptionnellement chaud, les festivals bretons reprennent du service et c’est l’occasion pour les danseurs des cercles celtiques de se produire à nouveau. Baisse d’effectif, transport, innovation, le milieu connaît un véritable bouleversement depuis deux ans. Retour sur cet écosystème secoué mais toujours vaillant.
Les cloches de l’église résonnent dans le bourg de la petite commune du centre Morbihan. Moréac, samedi 23 juillet, 7 heures, dix degrés. Les danseurs du cercle celtique Krollerion Mourieg arrivent un à un sur le parking du Parco. Le bus les attend, ils s’apprêtent à monter direction la Loire-Atlantique. “Est-ce que tu peux m’aider à serrer ma robe ?” “Tout le monde a pris son bonnet ?” “Quelqu’un a pensé aux boîtes pour le spectacle ?” Cheveux plaqués et tirés en chignon, quelques filles ont déjà revêtu une partie de leur costume, jupon rayé et robe de velours lacée. La petite vingtaine de danseuses et danseurs se produira à la Fête bretonne du Pouliguen où elle présentera son nouveau spectacle intitulé Parlons-en, qui fait la part belle aux langues de Bretagne. Le samedi 9 juillet, le groupe le produisait au Kement Tu à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), où il était évalué. Ce qui lui a valu la troisième place artistique en première catégorie de la confédération des cercles celtiques, Kenleur (fusion de Kendalc’h et de War ’l Leur, les deux anciennes confédérations). Une récompense inopinée qui a remotivé les troupes après une reprise difficile.
Comme beaucoup d’autres groupes à cause de la pause forcée par la pandémie, les Krollerion Mourieg souffrent de la baisse d’effectif. Les répétitions ont lieu tous les vendredis soir comme à l’accoutumée mais la salle de danse s’est vidée : 25 danseurs contre 45 pour la saison 2018-2019. Le groupe des adolescents a disparu, faute de jeunes. Pour Maxime Cadoret, secrétaire de l’association et danseur depuis presque dix ans, avance plusieurs explications : “Le Covid a fait qu’on ne se voyait plus, on n’a rien organisé et c’est comme ça qu’on a dû perdre des gens ; certains se sont rendu compte qu’ils pouvaient faire autre chose que de la danse, surtout les jeunes.” Le port du masque et le pass vaccinal n’ont rien arrangé. Il se gratte la tête et achève : “C’est dur de raccrocher, quand certains arrêtent, d’autres se démotivent et c’est un cercle vicieux.”
Après une heure trente de trajet ainsi que quelques degrés supplémentaires, le groupe moréacois foule les terres de la commune du littoral atlantique. Les touristes et les visiteurs sont nombreux sur le port du Pouliguen. Ils attendent, avec impatience, le début du défilé qui marquera le lancement de cette journée ensoleillée.
Cette météo a aussi permis au Festival de Cornouaille, à Quimper, d’attirer les foules en ce même week-end puisque 7 000 entrées payantes ont été enregistrées pour le défilé. La dernière journée de festivités dédiée aux cercles celtiques et bagadoù, nommée Quimper en fête, a permis à son coresponsable et coprésident du festival de dresser un premier bilan. “On sent qu’il y a deux catégories de groupes, des ensembles puissants en termes d’effectif et de proposition artistique, qui ont su garder un dynamisme pendant la crise, et d’autres qui subissent de plein fouet la crise de l’engagement bénévole”, analyse Cyrille Hémery.