Née dans une famille de la bourgeoisie anglaise, Maud Gonne fut l’un des personnages majeurs de la lutte de l’Irlande pour la reconquête de ses libertés. Maman de Sean MacBride, fondateur d’Amnesty International et prix Nobel de la paix, elle reste l’une des personnalités féminines les plus respectées des Irlandais.
Rien ne prédisposait cette femme, tenant de Wolfe Tone par la classe sociale et de Lord Byron par le courage, à devenir l’égérie du mouvement républicain. Edith Maud Gonne vient au monde dans l’Angleterre victorienne, à Tongham, dans le comté de Surrey. Son père, Thomas, est officier dans l’armée britannique, sa mère, Edith Cook, l’héritière d’une dynastie de négociants de tissus.
Le premier contact de la petite Maud avec l’Irlande date de 1868 lorsque Thomas est affecté à la pacification d’une île qui, aux yeux de Westminster, fait figure de volcan insurrectionnel. Dans le petit village de pêcheurs où elle vit, avec sa mère et sa jeune sœur Kathleen, elle passe le plus clair de son temps à escalader les rochers du bord de mer, en compagnie de petits Irlandais pauvres, sous l’œil attentif de sa nounou irlandaise. “C’est au cours de ces années, où elle vivait dans une liberté très grande pour les canons éducatifs de l’époque, surtout après la mort de sa mère, survenue alors qu’elle n’a que quatre ans, qu’elle apprit à aimer l’Irlande et son peuple.”, estime l’universitaire Anne Magny dans son ouvrage de référence.
En 1882, devenue une jeune fille d’une beauté éclatante, elle revient en Irlande, à l’occasion d’une nouvelle mission de son père à Dublin. L’île, en ces dernières décennies du xixe siècle, s’insurge contre les évictions de fermiers par des riches propriétaires, souvent anglais. La prise de position de Maud pour l’Irlande qui souffre date sans aucun doute de cette époque. Thomas meurt en novembre 1886. Kathleen et Maud se retrouvent à Londres, chez l’oncle paternel William, qui cache aux jeunes filles qu’elles bénéficieront, à leur majorité, d’une fortune confortable. Pour gagner sa vie, Maud tente de se lancer sur les planches. Mais elle subit une attaque de tuberculose. “Cette fragilité des poumons l’affectera toute sa vie durant, précise Anne Magny. Elle devra interrompre sa carrière d’actrice, mais cela ne l’empêchera pas de faire des discours enflammés ni de haranguer les foules à de multiples reprises.” Elle va alors chercher en France un climat plus favorable qu’à Londres. (…)