Gwenola Coïc, ArMen, photo Éric Legret

Gwenola Coïc : professeure, chanteuse, artiste

Codirectrice du collège Diwan de Plésidy depuis une quinzaine d’années, Gwenola s’investit dans beaucoup de projets artistiques, photographiques, musicaux et sonores, ainsi que dans la Redadeg. Elle a permis, pour la langue bretonne, la pédagogie au sein de Diwan, une continuité des transmissions culturelles comme au sein de Dañs-tro avec la nuit de la gavotte à Poullaouen et la poursuite d’un travail de fond, enraciné et porteur d’avenir, en équipe.

L’enfance et la jeunesse de Gwenola : Diwan, kan-ha-diskan, …

Avec sa sœur Alwenna, elle a été scolarisée à Diwan et a fait partie des premiers bacheliers de la filière. Leur maman faisait partie des premiers enseignants de Diwan, il y a plus de quarante ans. Gwenola a appris le kan-ha-diskan à l’école, auprès de professeurs servant de passeurs culturels, et dans le Centre-Bretagne où elle a grandi. Le lycée Diwan, à cette époque, était situé au Relecq-Kerhuon à l’étage d’un supermarché et les élèves dormaient à l’auberge de jeunesse de Brest, près de la mer. Il y avait peu de lycéens, mais l’énergie de l’équipe des débuts perdure aujourd’hui (professeurs, moniteurs, actifs pour la plupart dans le domaine de la langue bretonne).

Professeure de breton, elle mène plusieurs projets de front : prix littéraires comme le Priz ar Yaouankiz, concours de haikus, Kan ar Bobl,  projets artistiques avec le centre d’art GwinZegal (Guingamp), le musée de la Résistance (Saint-Conan), les Tiez ar Vro, le théâtre, le domaine de la Roche-Jagu, l’écriture de rap, entre autres, avec des artistes du coin. Elle fait en sorte que ces projets fassent lien avec les différentes instances du terroir et s’inscrivent vraiment dans la vie quotidienne des élèves, ce qui, pour elle, est essentiel afin de leur donner envie de continuer à parler breton plus tard. Cette langue étant la langue de l’école uniquement pour une bonne partie des élèves, nous devons leur montrer qu’elle vit bien au-delà des limites du collège et peut être utilisée tout autour d’eux… Gwenola aime mettre l’accent sur la création. En créant, on apprend et on devient porteur de savoirs que l’on peut à notre tour transmettre, et en plus, on rigole ! Ses élèves ont été plusieurs fois primés en chant, poésie, créations… Un beau partage et une fierté irremplaçable pour les jeunes collégiens. Mère de deux enfants, une jeune chanteuse et un petit garçon, ils montent en famille, avec Krismenn, sur la scène de Poullaouen !

La nuit de la gavotte : une belle évolution

Les bretonnants (et les autres) ont appris qui était Gwenola par la Redadeg en 2021 (course pour la langue bretonne qui a lieu tous les deux ans dans toute la Bretagne, 2000 kilomètres sans interruption pendant une semaine).

Elle avait composé avec Thomas Laquaine le texte qui a été porté dans le bâton-relais par plus de deux mille coureurs et qu’ils ont dit sur scène à Guingamp après avoir couru le dernier kilomètre. Un texte très poétique, écrit par eux deux, faisant le lien entre la nature du Centre-Bretagne / Trégor et la langue bretonne. Plus d’un auditeur en a été ému aux larmes : la jeunesse continuant la lutte des anciens pour une langue vivante et enracinée dans un territoire, ouverte sur le monde, protégeant pour les générations futures une terre qui ne leur appartient pas. Et toujours une touche d’humour en provenance de Poullaouen que Gwenola et l’équipe de Dañs Tro ont contribué à enrichir. Une équipe de bénévoles qu’on retrouve sur scène, lors des stages de chant, de danse et les enfants qui chantent à leur tour. Une ambiance inoubliable retranscrite par Eric Legret dans ses photos.

D’autres projets, d’autres chemins…

Au fil des années, Gwenola a amélioré sa pratique, que ce soit en écriture, en poésie, en émissions enregistrées pour la radio ou le théâtre avec la troupe professionnelle Piba, pour Heklevpodkast, en collaboration là aussi avec Krismenn, utilisant un breton qui n’oublie pas ses racines, aux couleurs de celui des anciens, de la langue du kan-ha-diskan, de l’humour et de la dispute.

Gwenola a grandi en Centre-Bretagne et ses grands-parents. Ses parents lui ont transmis leur langue. Le breton est donc sa langue maternelle. En plus de la langue, ils ont su transmettre une force et une importance à porter les intérêts d’une vie le plus haut et loin possible : préserver la nature autour de nous, apprendre à semer et manger ses légumes, accoucher naturellement, allaiter ses enfants, ne pas détruire nos savoirs, et ne pas avoir honte de notre langue, notre pays, nos coutumes, de ce que nous sommes. « Mon grand-père maternel, de très fort caractère, nous a toujours dit que s’il fallait écouter un seul de ses conseils, c’était de garder la tête haute, de s’écouter soi, et de ne pas faire comme tout le monde, juste pour faire comme tout le monde. Être tous différents et partager ses savoirs est la clef de la réussite d’une société, à petite échelle évidemment, puisqu’il prenait l’exemple d’un village. Il nous disait aussi que notre langue était le breton, qu’on se devait de la transmettre et que nous n’avions pas à en avoir honte ».

Gwenola ne sait pas si elle sera professeure jusqu’à la retraite… mais ce qu’elle sait c’est que sur son chemin, elle continuera à utiliser le breton. Tant qu’il y aura des danseurs, des chanteurs et des gens à l’imagination fertile, il y aura toujours de belles histoires et de belles fêtes pour repousser l’obscurité de notre quotidien.

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