Laboused treut a zo eus ar rannvroioù e Frañs pa vezont keñveriet ouzh Bro-Skos pe Kembre, paneveken. Didroc’hañ pe beuziñ, sed div c’hiz a oar ar stadoù kreizennet ober ganto evit kaout an disamm eus rannvroioù a ginnigfe bezañ re greñv o levezon. Enkrez meur ar Stad C’hall eo liesseurted an identelezhioù en diabarzh d’ar C’hwec’hkogn. Gant se, moarvat, e c’hwito an adreizh tiriadel a zo bet lakaet e pleustr gant ar gouarnamant, daoust pegen pouezus e vefe e gas da bennvat.

 

Le monde au fond de mon panier

La Bretagne amputée, noyée ou réunie ?

Les régions de France font pâle figure quand on compare leur statut à celui de l’Écosse ou du pays de Galles. Amputer ou diluer, deux méthodes dont les états centralisateurs sont coutumiers pour se débarrasser des régions qui menacent d’exercer une trop forte influence. La diversité des identités au sein de l’hexagone reste le grand sujet d’angoisse de l’État français. Et la réforme territoriale engagée par le gouvernement pourrait bien achopper sur cet écueil. Il est pourtant primordial de la mener à bien.

Qui l’emportera, la technocratie ou la démocratie ? Les grandes métropoles ou les régions ? Les barons des grands partis ou le menu peuple ? L’idéologie ou le bon sens ? Étrange attitude : des régions qui n’ont rien demandé se verraient réunies, alors que l’on refuserait la réunification à la Bretagne, seule région où cette demande est régulièrement portée par la population. L’esprit des Lumières et l’esprit démocratique ont décidément bien du mal à s’accorder.

La motivation inébranlable du gouvernement a été dévoilée par ses porte-paroles : la Bretagne serait trop dangereuse si elle recouvrait ses frontières historiques, car elle serait tentée de demander plus d’autonomie, à l’instar de l’Écosse ou de la Catalogne… Plutôt des régions inefficaces mais soumises que des régions efficaces mais autonomes. C’est le théorème fondamental de la technocratie. “Périssent les colonies plutôt qu’un principe !” proclamait déjà Robespierre.

Le seul argument mis en avant est donc la menace d’un “repli identitaire”. La bretonnité est interdite au nom de la francité. La diversité identitaire ne peut se concevoir au pays des libertés. Les identités seraient-elles donc exclusives par nature ? Ce n’est parfois pas complètement faux dans l’exemple de l’Écosse ou de la Catalogne, mais c’est tout à fait contraire à la vérité en Bretagne. Les enquêtes les plus récentes menées par tmo pour le compte de bcd (Bretagne culture diversité) montrent que les Bretons se sentent tout autant à leur aise avec l’identité française qu’avec l’identité bretonne.

Il convient donc d’étudier plus sereinement la nouvelle composition des régions, en comparant les projets entre lesquels il faudra faire un choix : le statu quo, c’est-à-dire d’un côté la Bretagne à quatre départements et de l’autre les Pays de la Loire, ou bien la fusion Bretagne – Pays de la Loire, ou encore la Bretagne réunifiée au sein d’un Grand Ouest aménagé autour de quatre régions fortes.

Le statu quo

Entre deux maux, choisir le moindre, dit-on parfois. Mais le statu quo n’est qu’un trompe l’œil. Il laisse tout le monde sur sa faim. Il ne saurait être que transitoire. Un jour ou l’autre, il faudra trancher et l’on aura perdu du temps. La Bretagne ne sait pas fonctionner sans Nantes-Saint-Nazaire, pour la pleine expression de sa maritimité. Nos entreprises, aujourd’hui, vont jusqu’au port du Havre pour exporter leurs produits ! S’agissant des grands projets logistiques, nous avons pris du retard : voies rapides, aéroports, tgv. Des choix incohérents sont faits du seul fait que la Bretagne et les Pays de la Loire n’ont pas les mêmes priorités.

Peu à peu, l’argent généreusement dépensé en Loire-Atlantique pour que les jeunes oublient qu’ils sont bretons ronge la personnalité de ce département et affaiblit par contrecoup le rayonnement de toute la Bretagne à l’international. Les réponses du statu quo sont insuffisantes. Et au final, elles ne correspondent pas à ce que demandent les populations concernées. Seuls 41 % des Bretons et 45 % des Ligériens soutiennent le statu quo.

Fusionner la Bretagne et les Pays de la Loire

Plusieurs ténors politiques souhaitent que la Bretagne et les Pays de la Loire soient fusionnés. Les deux régions, disent-ils, ont pris l’habitude de coopérer dans bien des domaines : les universités, les hôpitaux, la recherche, les pôles de compétitivité…

Ce projet de fusion n’est pourtant pas sans lourds inconvénients. Il sera difficile de gérer un territoire dans lequel certaines villes sont tournées vers Paris et le continent, quand les autres ont un avenir maritime. Il n’y a rien de commun entre le destin du Mans et celui du port de Brest. La coupure n’est pas moins nette en ce qui concerne l’identité. Comment les habitants des Pays de la Loire accepteraient-ils de financer le développement de la culture et de la langue bretonne, la marque Bretagne, le .bzh ? Mêler une identité forte à des identités sans contour et désunies est un affaiblissement sur le plan de l’économie internationale.

Un même affaiblissement du sentiment d’appartenance est inéluctable sur ce nouveau territoire. Les gens ne sont pas prêts à donner d’eux-mêmes pour un territoire impersonnel. C’est dans la culture que fleurissent la solidarité, l’énergie créatrice, l’envie de participer et le devoir de voter ! La démocratie locale est menacée de disparition sur les territoires sans âme.

Une Bretagne réunifiée dans un Grand Ouest recomposé

L’ouest recomposé s’organise en quatre régions : la Bretagne unifiée, la Normandie unifiée, Val de Loire et Poitou-Charentes incluant la Vendée. Ces quatre régions sont fortes, équilibrées, complémentaires et reconnues dans le monde. Elles sont destinées à coopérer, cela va de soi, tout comme la Bretagne est destinée à coopérer, par ailleurs, avec les régions de l’Arc Atlantique et les pays celtiques.

La Bretagne dans ses frontières millénaires est une région très puissante, qui se réappropriera son destin maritime sous toutes ses facettes. C’est peut-être là l’essentiel, quand on sait que 20 % des marchandises échangées dans le monde longent nos côtes sans que nous n’en tirions aujourd’hui aucun parti.

La Bretagne à cinq départements est la première région agro-alimentaire européenne. Six pôles de compétitivité sont situés sur son territoire : le Pôle Mer, Valorial (innovation agro-alimentaire), Image et Réseaux (ntic), Atlanpôle Biothérapie (biotechnologies et santé), emc2 (Matériaux complexes), ID4Car (automobile).

La Bretagne est aussi une marque réputée dans le monde entier. Une image positive lui est associée dont les traits dominants sont la personnalité, l’authenticité, la confiance, et le dynamisme. Cette image sera d’autant plus forte que la Bretagne sera réunie. Une telle réputation est un patrimoine et un capital qu’on serait coupable de dilapider.

S’agissant de l’économie, de la culture et de la démocratie, le projet d’une Bretagne réunie est incontestablement le plus solide. Ne passons pas à côté de l’évidence : 77 % des habitants de la Bretagne administrative et 70 % des habitants de la Loire-Atlantique soutiennent la réunification de la Bretagne, selon le sondage publié le 3 juillet dernier.

Mais ne perdons pas de vue qu’une fois avoir réuni la Bretagne, nous n’aurons fait que la moitié du chemin, et encore… Réorganiser le territoire et simplifier l’organisation interne de la région ne servent à rien, quand bien même celle-ci s’appuierait sur une Assemblée de Bretagne, si les compétences et les budgets correspondants ne changent pas fondamentalement. Sur ce chapitre, les débats se font encore très discrets…

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