En cette rentrée, ArMen ouvre ses pages aux étudiants de l’Institut d’études politiques de Rennes, aux jeunes talents, à ceux qui feront la Bretagne de demain. Ils la dessinent déjà, tracent des perspectives. Ils s’appellent Sébastien Marrec, Léopold Vermeulen, Maxime Fovelle et Alice Quistrebert. Les premiers, sous la direction de Jean Ollivro, se sont penchés durant plusieurs mois sur l’étude de la filière algue en Bretagne, sur son devenir, sur ses potentialités. Rapidement le sujet s’est avéré très complexe, les enjeux multiples, et les débats tumultueux. Ils ont cherché à en savoir davantage, à comprendre les différents points de blocage venant en grande partie de la population peu encline à goûter les herbes marines. Prenant en cela la suite de Pierre Arzel, qui, disparu en 2008, a été durant vingt ans au sein d’Ifremer chargé du suivi de l’exploitation des algues en Bretagne. “Le potentiel y est varié et riche, analysait-il. Depuis plusieurs siècles, cette exploitation fournit de la matière première à l’industrie.” En 2000, déjà, ArMen titrait : “L’algue, industrie du futur”. Pierre Arzel évoquait alors “le frémissement, le bruit de fond” qu’il ressentait. Quinze ans plus tard, où en sommes-nous ? Quid des promesses ?
Lanildut, dans le Finistère, est toujours le premier port goémonier d’Europe. En revanche, si les entraves d’alors – législatives notamment – semblent toujours présentes, l’énergie pour faire émerger cette filière prometteuse est croissante. Il suffit d’écouter Hervé Balusson, dont l’entreprise est installée à Bréhan, dans le Morbihan, depuis 1995, et qui possède des filiales en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, pour s’en persuader. Quatre cents personnes y travaillent, dont une grande part de scientifiques et de chercheurs qui consacrent leur temps à l’amélioration de la composition des recettes et à la recherche de nouvelles utilisations des algues. Il semblerait, comme vous pourrez le voir dans les différents articles du Grand angle, que le “discours enflammé” de l’entrepreneur, “enjoignant les étudiants convaincus à raconter ce qu’ils avaient vu et à participer à une action de mobilisation pour promouvoir les algues au service de l’économie régionale”, ait porté ses fruits. Nombreux toutefois sont ceux qui aujourd’hui regrettent le manque d’appui à une filière qui pourrait, selon le géographe Jacques Lescoat, se révéler “une vraie force pour le territoire”.
Chloé Batissou